Action climatique collective d’entreprises pour la reforestation
September 25, 2024
Des B Corp aux États-Unis et au Canada s’attaquent à la déforestation par le biais de la défense de politiques et d’initiatives de groupe
Dans le monde entier, la perte des arbres, pour un usage commercial ou en raison de feux de forêts, et de leur capacité de stockage du carbone, est un facteur croissant du changement climatique et de l’aggravation de ses effets. Tandis que de grandes étendues de forêts sont déboisées pour faire place aux exploitations agricoles qui cultivent la terre et élèvent du bétail, la déforestation est responsable de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre [en anglais]. Dans un contexte de prise de conscience croissante des effets de cette perte, comme la hausse des températures, des conditions météorologiques extrêmes et d’autres impacts écologiques, des entreprises certifiées B exploitent la nature collective de la communauté pour aider les entreprises à sensibiliser sur les effets de la déforestation et à prendre des actions climatiques commerciales afin de protéger les forêts et d’autres aires naturelles.
Certaines de ces B Corp offrent des services et des pratiques pour atténuer les changements climatiques, tandis que d’autres œuvrent dans des secteurs qui font historiquement partie du problème. L’équipe de B The Change s’est penchée sur des exemples d’actions climatiques collectives intersectorielles d’entreprises, dont deux projets de reforestation impliquant des B Corp :
- Le premier exemple est un projet dirigé par Wild + Pine [en anglais], une B Corp basée à Edmonton et créée autour de l’intersection polarisée de la nature et du secteur énergétique dans la région. Le fondateur et DG, Chris Kallal, et son équipe collaborent avec d’autres B Corp canadiennes pour protéger les forêts et développer davantage d’écosystèmes diversifiés par le biais d’un projet appelé Forest B [en anglais].
- Le deuxième exemple met de l’avant un mouvement de défense de politiques aux États-Unis, initié en partie par Tony’s Chocolonely pour soutenir l’adoption du projet de loi FOREST, Fostering Overseas Rule of Law and Environmentally Sound Trade Act (loi sur la promotion de la primauté du droit outre-mer et des échanges commerciaux respectueux de l’environnement).
Des collaborations de ce type permettent aux petites entreprises, en particulier à celles qui ne savent pas comment commencer leurs actions climatiques, de s’impliquer dans des projets environnementaux de plus grande envergure et ayant plus d’impact. « Il existe un grand nombre de voies et de solutions différentes, qui peuvent sembler déroutantes et insurmontables », a déclaré Kallal. « Vous n’avez pas besoin de passer par toutes ces étapes coûteuses. Vous n’avez pas besoin d’imiter ce que les grandes sociétés font. N’importe quelle action environnementale ou écoresponsable est bénéfique. »
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Amplifier le pouvoir des petites entreprises dans les stratégies à impact climatique
Tandis que Wild + Pine se concentrait à l’origine sur la restauration d’installations pétrolières et gazières et de sites de sable bitumeux abandonnés en forêts, ses activités ont ensuite évolué et l’entreprise offre désormais des services de reforestation plus larges. « Au fil du temps, nous avons observé un besoin croissant pour des semis d’arbres », a constaté Kallal. « Il y a quatre ans, nous avons commencé à développer notre serre verticale avancée Bioprism, la première de ce genre, qui est une structure complètement artificielle dans laquelle nous faisons pousser des plantes, des arbres et des arbustes indigènes. Il s’agit d’une innovation plutôt révolutionnaire. Elle est toutefois nécessaire puisqu’ici, au Canada, nous avons notre engagement de 2 milliards d’arbres. »
En tant qu’entreprise axée sur l’action climatique et fondée sur la nature, Wild + Pine plante des arbres dans des zones sous-utilisées et les convertit en forêts pleinement fonctionnelles, affirme-t-il. Cette activité aide ses client.e.s et ses partenaires à obtenir des compensations carbones vérifiées et transparentes qui peuvent être utilisées pour leur permettre de réaliser leurs objectifs climatiques.
Selon Kallal, en élargissant son champ d’action pour aider d’autres entreprises à répondre à la crise climatique, la B Corp Wild + Pine a en retour diversifié ses activités afin d’élaborer et d’offrir des solutions dans le cadre desquelles les parties prenantes des secteurs industriel et du carbone interagissent. « Il s’agit vraiment d’une voie intéressante. C’est le secteur d’activité dans lequel il faut être en ce moment, car les petites et les grandes entreprises, ainsi que les gouvernements, s’adaptent et essayent de trouver les bonnes solutions pour l’environnement et l’économie », a-t-il affirmé.
En tant que petite entreprise, Wild + Pine possède l’avantage d’être plus agile et flexible, des caractéristiques qui lui permettent d’explorer de nouvelles idées, ainsi que des partenariats avec des client.e.s, dont certaines des plus grandes sociétés en Amérique du Nord. « La valeur que nous offrons, c’est notre capacité à pivoter et à intégrer de nouvelles technologies, à les essayer et à les développer, pour ensuite apporter ces solutions à des organisations plus grandes », a-t-il expliqué. « Nous servons un marché niche, et, chaque année, ce besoin s’accentue. Le pouvoir des petites entreprises n’a jamais été aussi grand. »
Innover et diriger des actions climatiques d’entreprise avec les B Corp canadiennes
En valorisant le pouvoir de l’innovation et de la collaboration, Kallal a appris à connaître et à admirer des entreprises de la communauté B Corp qu’il a finalement intégrée en 2021. Pendant que Wild + Pine poursuivait son parcours pour obtenir la certification B Corp, elle a travaillé en collaboration avec une B Corp basée à Vancouver, Decade Impact [en anglais], sur un plan pour lancer un projet de restauration collectif, basé sur la nature, au Canada. « Nous savions que les B Corp sont des cheffes de file dans leurs activités commerciales quotidiennes et nous voulions souligner leurs forces et leurs capacités de leadership », a déclaré Kallal. « Lorsque nous avons présenté le plan aux B Corp et leur avons demandé si elles étaient prêtes à le soutenir, leurs réponses ont été instantanées. »
Le projet Forest B [en anglais] a été lancé en 2021 avec 33 B Corp canadiennes. Il a permis de planter jusqu’à présent 52 000 arbres sur des sites en partenariat avec l’organisme Conservation de la nature Canada et 5 000 autres arbres viendront s’ajouter à ce total. Le projet est conçu pour aller au-delà de la reforestation et développer des écosystèmes diversifiés afin de soutenir les plantes et les animaux indigènes.
Le guide de la justice climatique pour les entreprises (Climate Justice Playbook for Business)
Ce guide pratique provenant du B Lab contient des informations pour aider les dirigeant.e.s d’entreprise à comprendre l’intersection entre l’action climatique et la justice sociale, ainsi qu’à promouvoir une approche de l’action climatique centrée sur la justice.
Les entreprises de la communauté B Corp passent déjà à l’action et prennent des risques, en tant que cheffes de file novatrices qui ont déjà montré leur engagement envers la communauté et les autres parties prenantes par le biais de l’évaluation B Impact [en anglais], selon Kallal. « Nous sommes des entreprises agiles et flexibles. Et, oui, nous allons y parvenir », a-t-il affirmé. « Il y a tellement d’enjeux, le climat, l’injustice raciale, tellement de questions importantes qui nécessitent des actions. Nous ne pouvons pas prendre des mois, nous ne pouvons pas attendre de présenter le projet au conseil d’administration, de le soumettre au vote et d’avoir un plan l’année d’après. »
D’après Kallal, les petites entreprises occupent une place unique qui leur permet d’agir lorsqu’il y a une cause ou un appel à l’action. « Elles sont prêtes à passer à l’action dès maintenant », a-t-il déclaré en remarquant que 97 % des organisations-employeuses au Canada sont des petites entreprises. « Cela représente une énorme partie de la population. Il s’agit de petits groupes de communautés qui se soucient vraiment de ce qu’elles font. »
En prenant contact avec leurs communautés et en créant des sources d’inspiration, les petites entreprises de la communauté B Corp peuvent stimuler un mouvement. Les dirigeant.e.s de petites entreprises qui se demandent quelles étapes suivre pour répondre à la crise climatique se retrouvent fréquemment face à de nombreuses options et ne savent pas par où commencer. D’après Kallal, des changements simples et accessibles peuvent souvent ouvrir la voie à des actions plus importantes.
« Il existe un grand nombre de voies et de solutions différentes, qui peuvent sembler déroutantes et insurmontables », a déclaré Kallal. « Vous n’avez pas besoin de passer par toutes ces étapes coûteuses. Vous n’avez pas besoin d’imiter ce que les grandes sociétés font. N’importe quelle action environnementale ou écoresponsable est bénéfique. Si vous savez que planter un arbre ou passer à un véhicule électrique est une bonne action, croyez-y. »
Chez Wild + Pine, Kallal et son équipe ont mis l’accent sur les questions et les produits qui comptent le plus à leurs yeux, ce qui, en retour, a incité d’autres personnes à agir. « Il s’agit du pouvoir de la petite entreprise. Nous savons que nous sommes doué.e.s pour développer des technologies et pour être des dirigeant.e.s inspirant.e.s », a-t-il affirmé. « Lorsqu’une petite entreprise est intentionnelle et réfléchie, son attitude inspire la communauté et incite ses voisin.e.s à suivre ses pas. L’impact va vraiment s’amplifier. »
Plaider en faveur de politiques qui s’attaquent au changement climatique
Aux États-Unis, la B Corp Tony’s Chocolonely dirige un effort visant à soutenir un projet de loi fédéral qui interdirait l’importation de produits liés à la déforestation, l’un des deux domaines d’intérêt à impact social de l’entreprise.
« Sur le plan des politiques publiques, Tony’s Chocolonely se préoccupe beaucoup de deux questions : les droits de la personne, y compris l’élimination de la main-d’œuvre illégale dans les chaînes d’approvisionnement, et la déforestation », a déclaré Barry Schumacher de Tony’s Chocolonely. « Nous nous assurons que les exploitant.e.s agricoles qui nous fournissent ne participent pas à la déforestation en leur payant des tarifs plus élevés pour leur cacao afin de leur permettre de percevoir un salaire viable, en cartographiant les limites de leurs exploitations et en leur offrant une assistance technique s’ils ou elles s’en sont éloigné.e.s. Nous nous engageons également dans la reforestation. »
Selon Schumacher, la prise de conscience de la déforestation et de son rôle dans le changement climatique augmente dans le monde entier, ainsi que le fait que ce qui se passe dans une région du monde peut avoir des effets à long terme pour tout le monde. Tandis que les entreprises passent de plus en plus à l’action pour limiter leurs impacts environnementaux, il est aussi important que les dirigeant.e.s des gouvernements prennent des mesures afin de limiter les pratiques contribuant au changement climatique, d’après lui.
Le projet de loi FOREST a été présenté au Sénat et à la Chambre des représentants des États-Unis, et les auditions pourraient se dérouler cet été. Le projet de loi permettrait de s’attaquer à la racine du problème en interdisant l’importation de certains produits cultivés sur des terres déboisées d’une manière illégale, à moins qu’un système vérifiable de contrôle diligent de la chaîne d’approvisionnement soit en place pour assurer que les produits entrants ne proviennent pas de zones illégalement déboisées. Les produits couverts par ce projet, notamment les fèves de soya, le bétail, le caoutchouc, l’huile de palme, la pâte de bois (pour le papier) et le cacao, sont utilisés dans divers secteurs d’activité, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles Tony’s Chocolonely s’est tournée vers la communauté B Corp afin de chercher d’autres personnes intéressées par la défense de cette politique parmi ses pairs.
Jusqu’à présent, les autres B Corp soutenant le projet de loi sont : The Body Shop [en anglais], Patagonia [en anglais], Seventh Generation [en anglais], Dr. Bronner’s [en anglais], et Yin Yang Naturals [en anglais]. Elles ont accepté d’entrer en contact avec les membres du Congrès et de les encourager à soutenir le projet de loi. Tony’s Chocolonely exploite également ses réseaux de College Changemakers (agent.e.s du changement au niveau collégial) pour sensibiliser et inciter les étudiant.e.s à défendre des politiques.
À une plus grande échelle, des réglementations similaires et plus strictes en matière de déforestation sont en cours d’élaboration dans l’Union européenne, d’après Schumacher. Elles couvriraient les importations du monde entier, ce qui pourrait affecter les entreprises américaines d’une manière positive ou négative, en fonction des pratiques de leurs chaînes d’approvisionnement. « Ceci offre une occasion aux entreprises de la communauté B Corp et pourrait créer un marché d’exportation pour leurs biens », a-t-il affirmé.
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