Forêts et feux : imaginez l’avenir des entreprises à l’événement DLB du Pacifique Nord-Ouest 2025

B The Change

October 1, 2025

Maintenant dans sa neuvième année, l’événement DLB du Pacifique Nord-Ouest (BLD Pacific Northwest, PNW) [en anglais] est de retour du 9 au 11 septembre 2025 avec une édition plus importante et plus audacieuse que celles des années précédentes. En effet, le rassemblement régional phare est devenu une expérience de trois jours, animée par plus de 50 intervenant.e.s et comprenant des ateliers pratiques, des visites de B Corp, ainsi que des immersions dans la nature, allant de « bains de forêts » à la mise en application de la gestion environnementale au parc Hoyt Arboretum. Organisé par la communauté B Local PDX [en anglais], l’événement est placé cette année sous un thème d’actualité : « Forêts et feux ». Il s’agit d’un appel à explorer la résilience, la régénération et l’avenir de l’entreprise dans un monde au sein duquel les crises et les transformations se produisent plus rapidement que jamais.

Nous avons discuté avec le directeur général de la communauté B Local PDX, Wes Griffin [en anglais], à propos de la source d’inspiration du thème, des raisons pour lesquelles la région du Pacifique Nord-Ouest est un terrain fertile unique pour les entreprises à impact et de ce à quoi les participant.e.s peuvent s’attendre du rassemblement cette année.

Wes, pourriez-nous présenter brièvement vos fonctions au sein de la communauté B Local PDX et nous expliquer ce qu’implique l’organisation d’un événement DLB?

Je suis le directeur général de la communauté B Local PDX. Il s’agit de la première section B Local à avoir créé un poste rémunéré. Lorsque je le mentionne à d’autres dirigeant.e.s de communautés B Local, elles et ils sont souvent surpris.e.s, car les sections sont habituellement gérées bénévolement. Le fait d’avoir du personnel signifie que nous pouvons dédier davantage de capacités à l’organisation de programmes phares comme les événements DLB.

Pour les personnes qui ne le savent pas, le sigle DLB correspond à « Développement du leadership B Corp ». Ce rassemblement régional est notre événement vedette. Il offre aux B Corp et aux autres entreprises engagées un espace pour entrer en contact, apprendre et favoriser la collaboration.

Je travaille sur tous types de projets avec notre conseil d’administration, qui compte 15 personnes. Toutefois, je suis l’organisateur principal de cet événement. Nous avons aussi des sous-comités chargés de la programmation, de la logistique, de la communication et des parrainages. Certains sont composés de membres du conseil d’administration, tandis que d’autres comprennent des bénévoles provenant de la communauté B Corp, et même des personnes qui soutiennent simplement les entreprises au service du bien et qui sont résolument enthousiasmées par le modèle d’affaires B Corp.

Certaines personnes s’occupent de séances importantes, alors que d’autres aident l’équipe organisatrice le jour de l’événement. Il s’agit vraiment de la communauté qui s’organise elle-même. Ce qui est également réjouissant, c’est que ces bénévoles deviennent souvent des membres du conseil d’administration. Nous avons un écosystème vivant de personnes qui mettent ensemble la main à la pâte pour accomplir le travail.

Le thème de cette année est « Forêts et feux ». Comment l’avez-vous choisi et pourquoi maintenant?

Historiquement, nous avons choisi des thèmes qui étaient rattachés plus directement aux entreprises et à l’impact : « renforcer la connectivité, faire des progrès intentionnels ». Cependant, lorsque nous avons commencé à planifier l’événement de cette année, nous ne pouvions ignorer deux réalités auxquelles nous sommes confronté.e.s en même temps.

D’une part, une transition à long terme est en train de se produire dans notre mouvement, avec les nouvelles normes B Corp [en anglais], les débats autour des certifications écosociales et les questions à propos de la crédibilité. D’autre part, il y a l’aspect infernal de ce que nous traversons actuellement, entre les bouleversements culturels, les défis politiques et les perturbations climatiques. Chaque fois que nous nous rencontrions pour planifier l’événement, quelque chose d’autre était en feu, littéralement ou figurativement.

Le thème « Forêts et feux » (Forest + Fire) est ainsi né de notre souhait de tenir compte de ces deux vérités. Les forêts représentent l’enracinement, les longues échelles de temps et l’ombrage ou la canopée que les grandes marques peuvent offrir pour permettre aux entreprises plus petites d’avoir l’espace de se développer, d’expérimenter et de prendre de l’assurance. Le feu symbolise la transformation, pas seulement pendant les périodes de catastrophes, mais aussi en tant que force purgative qui rend la régénération possible. Puis, une troisième métaphore est apparue, à laquelle nous ne nous attendions pas : le sol. Il évoque ce sentiment d’interdépendance, le mycélium d’un mouvement qui se tisse sous la surface. Nous ne le voyons pas toujours, mais il est là, nous liant les un.e.s aux autres, nourrissant la résilience.

Certains des « feux » dont nous parlons lors de l’événement sont des questions commerciales urgentes : adopter l’IA de manière responsable ou repenser les fusions et acquisitions, pas seulement en termes transactionnels, mais aussi comme des outils régénérateurs qui créent de la richesse et élargissent l’accès à la propriété grâce à des modèles de régimes d’actionnariat des salarié.e.s ou à des fiducies finalitaires. Autrement dit, le feu est vu en tant que force transformatrice, et pas seulement comme une perturbation.

Comment le thème « Forêts et feux » est-il matérialisé dans la programmation?

La conférence commence par un discours d’ouverture portant sur ce qui se passe lorsque l’on arrête de traiter l’entreprise et la nature en tant que deux entités distinctes, et que, à la place, on se sert des systèmes naturels comme d’un plan détaillé pour guider le développement, la prospérité et la communication de l’impact des sociétés. Une séance principale est aussi animée par Luke Purdy [en anglais] de Wieden+Kennedy [en anglais], l’agence de création mondiale, basée à Portland, à l’origine de campagnes pour Nike et d’autres marques emblématiques, et par Verônica Manguinho de Souza [en anglais], qui travaillait auparavant chez Natura & Co. [en anglais], le groupe brésilien de produits cosmétiques largement connu pour son rôle de leadership en matière de durabilité. Verônica et Luke expliquent cette perspective de canopée du point de vue de certaines des plus grandes entreprises engagées au monde.

Après cela, au lieu de présenter un « état des lieux du mouvement » classique, une conversation est organisée directement entre la codirectrice principale du B Lab États-Unis et Canada, Ellonda Williams, et des membres de deux B Corp, une de longue date et une toute nouvelle. Alando Simpson [en anglais] est le directeur général de COR Disposal & Recycling [en anglais], la première entreprise de gestion des déchets appartenant à une personne noire sur la côte Ouest et la première de la région à avoir mis en circulation un camion à ordures électrique. Jackie Santa Lucia représente Adre [en anglais], une société de développement immobilier basée à Portland et axée sur la justice, qui intègre les perspectives de la communauté, de l’équité et des solutions climatiques dans chaque projet. COR est une entreprise certifiée B depuis presque douze ans, et Adre depuis quelques mois.

Alando et Jackie se connaissent en tant que pairs et collègues, ce qui est encore vrai aujourd’hui. En effet, les deux collaborent au projet de campus Williams & Russell [en anglais] pour un développement régénérateur. J’ai hâte de découvrir leurs points de vue. Aucune personne n’est responsable de la modération, il n’y a aucun script : la conversation consiste seulement en un échange authentique autour des défis et des occasions qu’Alando et Jackie rencontrent. Ce choix est délibéré. Le but est d’éviter les discours de tribune afin de créer un espace au sein duquel les dirigeant.e.s peuvent discuter franchement.

Donc, oui, le cadre repose en grande partie sur la nature. Toutefois, nous n’ignorons pas l’aspect humain. Il s’agit des forêts et des feux, mais aussi de la création d’un mouvement et de la meilleure manière d’apprendre les un.e.s des autres. Après ces discours sur la scène principale et d’incroyables séances en groupe, nous passons la parole à Michael « MC » Crooke [en anglais], ancien directeur général de Patagonia et professeur en leadership et en stratégie. L’intervention de MC est axée autour d’histoires issues de l’époque du redressement de Patagonia, pendant son mandat, et de la manière dont les valeurs, l’harmonisation et l’authenticité peuvent créer un flot (FLOW) dans les organisations hautement performantes.

Pourquoi le thème « Forêts et feux » est-il important dans le contexte sociopolitique actuel?

Parce que nous sommes à un point d’inflexion. La version 2.1 des normes du B Lab redéfinit ce que cela signifie d’être une B Corp. Les certifications sont scrutées de près. Et, pendant ce temps, chaque semaine, on a l’impression qu’il y a une nouvelle crise, qu’elle soit politique, culturelle ou environnementale.

La région du Pacifique Nord-Ouest a la réputation d’être une terre fertile pour les entreprises progressistes et les dirigeant.e.s engagé.e.s. Ici, les personnes ne souhaitent pas seulement être inspirées, elles veulent être mises au défi. Et, d’un point de vue commercial, les entreprises sont obligées de se frayer un chemin au travers de changements majeurs, qui semblent perturbateurs aujourd’hui, mais qui peuvent devenir régénérateurs s’ils sont abordés avec les bons cadres.

Ce thème est donc notre manière de dire : « Reconnaissons ces feux et la manière dont nous devons y répondre, mais préservons aussi notre faculté d’agir et notre identité. Imaginons un avenir dans lequel la résilience n’est pas seulement une question de survie, mais aussi une occasion de transformation. »

Qu’espérez-vous que les participant.e.s retirent de leurs expériences à l’événement DLB du Pacifique Nord-Ouest 2025?

Le rendement de l’investissement dans un événement DLB n’est pas toujours direct. Bien sûr, vous rencontrez des gens, vous assistez à des séances pertinentes pour votre secteur d’activités et vous repartez avec des informations pratiques que vous pouvez intégrer dans votre travail. Cependant, la valeur la plus précieuse de cet événement est d’être avec des gens qui partagent un engagement à l’égard de quelque chose de plus grand. Il s’agit d’une occasion rare dans le monde actuel : se réunir avec des personnes occupant des fonctions différentes, provenant de secteurs divers et ayant des perspectives variées, mais toutes animées par un engagement commun à utiliser les affaires au service du bien. Vous renforcez la résilience simplement en voyant d’autres personnes être résilientes. Les étincelles jaillissent ici.

Je souhaite que les participant.e.s repartent avec la conviction qu’elles et ils doivent continuer de s’enraciner dans cette communauté, en plus des notes prises lors des séances. Mon père est un pasteur baptiste du Sud. J’ai donc vécu la vie d’un enfant de prêcheur dans une petite ville. De la même manière qu’il ne pouvait pas créer une congrégation saine avec seulement des personnes qui se manifestaient à Noël et à Pâques, nous ne pouvons pas bâtir un mouvement avec des entreprises qui obtiennent leur sceau B Corp et qui le rangent ensuite dans un tiroir jusqu’au moment du renouvellement de leur certification. Nous avons besoin que les personnes et les sociétés continuent de s’investir. Chaque fois que nous diffusons des connaissances ou des ressources au bénéfice d’entreprises affinitaires, ou que nous aidons des membres d’équipe à comprendre comment elles et ils s’intègrent et apportent une contribution, c’est comme si nos racines se développent sous la surface, s’entremêlent et nous renforcent sur le long terme, nous rendant plus résilient.e.s.

Et, nous avons pu constater l’impact. Des petites entreprises qui ont participé au rassemblement l’an passé en tant que prestataires de la place de marché ont vécu une expérience tellement bonne qu’elles ont présenté leur demande de certification B Corp le lendemain de l’événement. Nous avons également vu des entreprises envoyer un.e dirigeant.e assister à la conférence et revenir l’année d’après avec cinq ou six membres d’équipe. Les étincelles se sont embrasées.

Il s’agit de la raison pour laquelle nous avons ajouté des occasions de réflexions communautaires après la principale journée de conférence cette année. Dans le passé, les gens nous ont dit que l’événement s’était déroulé d’une manière vraiment agréable, mais qu’il s’était terminé de façon abrupte. Cette année, des petits groupes ont été organisés autour de besoins particuliers, tels que la certification, la collaboration ou la célébration. Les gens peuvent ainsi absorber les leçons tirées de l’événement, leur donner un sens ensemble et repartir avec des étapes claires à suivre. Le but n’est pas seulement de créer un élan pendant trois jours, mais de bâtir un mouvement qui va de l’avant.

Avant de déménager à Portland, vous avez grandi dans le sud. Comment votre parcours influence-t-il votre vision de la résilience au sein de la communauté d’affaires du Pacifique Nord-Ouest?

Il existe une forme de résilience à l’état brut dans le Sud. Les personnes sont directes, parfois de façon transactionnelle, mais toujours relationnelle. Lorsque je gérais un magasin Habitat ReStore à la Nouvelle-Orléans, les entrepreneur.e.s entraient, et avant même de dire bonjour, m’expliquaient le type de réduction qu’elles et ils souhaitaient ou avaient besoin. Avec une mauvaise attitude, ce genre d’interaction pouvait mener à des conflits, mais, souvent, cela nous aidait à trouver un raccourci vers un résultat mutuellement bénéfique. Ici, dans le Nord-Ouest, la communauté d’affaires est très attentionnée, inclusive et bienveillante. Cependant, notre politesse l’emporte parfois sur l’authenticité. Cela peut entraîner de l’hésitation. Il y a quelque chose de beau dans le fait de ne vouloir rien imposer. Cependant, nous sommes parfois davantage axé.e.s sur les processus que sur les résultats.

J’espère que mon style de développement communautaire marie ces approches régionales et crée une dynamique puissante. La franchise permet d’assurer que les vérités dures à entendre ne sont pas enfouies, mais la retenue garantit que ces vérités sont communiquées de manière attentionnée. Ici, la résilience ne consiste pas seulement à serrer les dents face aux épreuves, mais aussi à instaurer la confiance. Les entreprises peuvent ainsi compter les unes sur les autres lorsque des défis surviennent.

Et puis, il y a aussi une question de densité. Plus de 160 entreprises certifiées B ont leur siège social dans la région. Ce n’est pas le fruit du hasard. Les primo-adoptant.e.s ont pris racine ici et ont créé un écosystème au sein duquel les entreprises plus récentes peuvent prospérer. Le sentiment de fierté associé à la région a maintenu la force de cet élan. Les entreprises n’ont pas besoin d’être convaincues de s’engager de nouveau chaque année. Elles participent peut-être régulièrement à nos rencontres sectorielles ou à nos ateliers sur les politiques. Ou leurs membres se rencontrent tous les mois à l’occasion de nos cohortes de dirigeant.e.s ou sur le leadership. L’idée B Corp est devenue une partie intégrante de leur identité. La profondeur de cette affinité soutient la communauté B Local PDX et l’aide à se développer.

De quelle manière les rassemblements DLB se rattachent-t-il au mouvement B Corp au sens large, ainsi qu’aux événements comme la Retraite des champion.ne.s?

Les événements DLB sont locaux et pratiques. Ils consistent essentiellement en rassemblements d’entreprises voisines cherchant à s’inspirer mutuellement, et éventuellement à se pousser vers de nouveaux sommets. Ils créent un espace dans lequel les étincelles jaillissent, au sein duquel les nouvelles entreprises sont attirées dans le mouvement et où les B Corp de longue date peuvent avoir des conversations authentiques sur les défis à venir. La Retraite des champion.ne.s [en anglais] est l’endroit ou ces étincelles s’embrasent ensemble pour former quelque chose de plus grand. Il s’agit du rassemblement phare du mouvement en Amérique du Nord qui offre un espace pour renforcer les liens, se mettre en phase avec l’objectif et passer des idées aux actions.

Le thème de la retraite 2026 à Milwaukee est « Ripples to Waves » (des ondulations aux vagues). Il ne pourrait pas être plus approprié. Les événements DLB sont les endroits où ces petites ondulations peuvent prendre forme, dans les ateliers et les conversations, ainsi qu’au cœur des relations qui peuvent sembler modestes au premier abord. La Retraite des champion.ne.s est l’espace au sein duquel on peut observer jusqu’où ces petites vagues et d’autres efforts similaires peuvent déferler, ainsi que la puissance qu’ils peuvent acquérir lorsqu’ils sont unis.

Depuis que j’occupe ce poste, nous avons toujours participé d’une manière ou d’une autre à la Retraite des champion.ne.s, en organisant des tables rondes sur les modèles de financement ou des conversations à propos de l’organisation des communautés B Local. J’espère qu’en 2026, nous jouerons un rôle majeur. La retraite à Milwaukee nous offre l’occasion de mettre en vedette sur la scène nationale l’authenticité et la joie qui caractérisent notre événement DLB, en plus de poursuivre la conversation autour de questions difficiles et honnêtes avec la communauté au sens large.

Joignez-vous à nous pour « embraser » une transformation

Photo de l’événement DLB du Pacifique Nord-Ouest 2024 fournie par la communauté B Local PDX

L’événement DLB du Pacifique Nord-Ouest 2025 a lieu du 9 au 11 septembre au musée World Forestry Center et aux quatre coins de Portland. Avec plus de 50 intervenant.e.s, des ateliers interactifs, des immersions dans la nature et des célébrations de la communauté, c’est une invitation à s’enraciner davantage, à se servir des feux comme vecteur de transformation et à imaginer l’avenir des entreprises ensemble.

Les billets sont proposés à la vente maintenant! Achetez vos billets pour la conférence principale ici, puis choisissez des activités complémentaires et planifiez votre semaine DLB ici [en anglais].

 

Copyright : B Lab États-Unis et Canada

Photo de l’en-tête de : Spencer DeMera.

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