Des activistes appellent les B Corp à collaborer en matière de justice climatique

October 9, 2024

Obtenez des ressources et des conseils pour créer des partenariats basés sur la confiance et la réciprocité avec les communautés populaires

De l’organisation de grands événements comme la Climate Week NYC (Semaine du climat de New York) [en anglais] aux réunions locales des organismes communautaires, les communautés populaires et de première ligne mènent la charge pour la justice et l’action climatique. Tandis qu’elles dirigent des campagnes pour promouvoir des politiques axées sur la justice et qu’elles créent de nouvelles manières d’intégrer la réciprocité dans nos relations avec la terre et l’eau, elles appellent aussi les entreprises à éliminer les pratiques extractives et à passer à l’action en vue de contribuer à la protection de la planète. 

Pour les entreprises, ces changements peuvent impliquer un travail de remise en question difficile et inconfortable. La réalité de ces défis et la nécessité d’agir ont été les deux sujets au cœur de la séance « Youth at the Forefront » (les jeunes au premier plan) [en anglais] lors de la retraite des champion.ne.s 2024 [en anglais], un rassemblement de la communauté des entreprises certifiées B des États-Unis et du Canada organisé à Vancouver en mars 2024. La modératrice de la conversation, Jacqueline Lee‑Tam, du HUB de mobilisation pour la justice climatique, a commencé la séance par un appel aux B Corp, les encourageant à passer à la prochaine étape de leurs parcours vers la justice climatique. « Il s’agit d’une invitation à sortir de votre zone de confort, à apprendre quelque chose, à remettre en question vos anciens modes de pensée et à comprendre », a‑t‑elle déclaré.

Tam est l’une des cocréatrices des principes pour établir un partenariat avec les communautés de première ligne, intitulés Principles for Partnership with Frontline Communities [en anglais], une ressource sur la justice climatique pour les entreprises, élaborée en collaboration avec le B Lab États-Unis et Canada. « Ces principes ont pour but d’aider les dirigeant.e.s de B Corp à mieux comprendre comment établir des partenariats à long terme, basés sur la confiance et la réciprocité, avec les communautés populaires et de première ligne », a‑t‑elle expliqué. « Nous savons que nous devons unir nos forces pour notre survie et notre libération collectives. Mais comment y parvenir en dépit des différences? »

Janelle Lapointe et Bodhi Patil écoutent Naisha Khan parler lors de la séance « Youth at the Forefront » (les jeunes au premier plan) à la retraite des champion.ne.s 2024 des B Corp, organisée à Vancouver par le B Lab États-Unis et Canada. (Photo par Setsail Marketing)

Tam a animé une conversation sur la scène principale de la retraite des champion.ne.s avec les défenseur.e.s de l’action climatique suivant.e.s, qui plaident en faveur des ressources naturelles de la Terre, de leurs générations et de communautés diversifiées :

  • Janelle Lapointe, coresponsable de l’engagement et de la mobilisation du public à la Fondation David Suzuki 
  • Bodhi Patil, fondateur et directeur général de l’organisme InnerLight [en anglais]
  • Naisha Khan, cofondatrice de l’organisme Climate Recentered [en anglais]

Les quatre intervenant.e.s ont appelé les B Corp à s’engager en tant que partenaires équitables et alliées du mouvement pour la justice climatique, ainsi qu’à mettre un terme aux pratiques commerciales transactionnelles et néfastes. Les extraits suivants présentent les faits saillants et des ressources tirées de la conversation. 

Études de cas sur la justice climatique

Les entreprises certifiées B intègrent la justice dans leur action climatique avec des services et des produits conçus pour créer un impact social et environnemental positif. Cette série d’études de cas sur la justice climatique, élaborée par le B Lab États-Unis et Canada, en collaboration avec la B Corp Measure Meant, examine les faits saillants d’exemples et de concepts de B Corp pour inspirer d’autres entreprises.

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Réinventer les relations pour créer des partenariats en matière de justice climatique

La terre natale de Janelle Lapointe, située dans la région intérieure du Nord de la Colombie-Britannique, est réputée pour ses montagnes et ses forêts magnifiques. Depuis l’installation des colonies européennes au 19e siècle, cette beauté naturelle et sauvage a été exploitée par les activités extractives des industries forestière, minière et des combustibles fossiles. 

En s’appuyant sur son appréciation de la terre et sur son héritage en tant que membre de la Première Nation Stellat’en, du clan Caribou, Lapointe recherche des solutions en matière de justice climatique ancrées dans la communauté dans le cadre de son travail à la Fondation David Suzuki et avec l’organisme Common Horizon. Tandis que ces solutions sont souvent élaborées à l’échelle locale, elles constituent un pas en avant vers les changements systémiques nécessaires pour relever les défis mondiaux, comme la crise climatique et les inégalités de revenus. « Les gens commencent à prendre conscience de la réalité de ces crises émergentes, ainsi que de la responsabilité des systèmes en jeu qui nous ont conduit.e.s là où nous en sommes », a affirmé Lapointe. « Ma question est : pourquoi nous sommes nous engagé.e.s à démanteler les systèmes? Pourquoi voulons-nous faire mieux? » 

Elle a encouragé les participant.e.s dans le public à réfléchir, en tant que personnes et en tant que membres de la communauté B Corp, aux raisons profondes de la quête d’un avenir plus juste. « Parfois, les systèmes dont nous faisons partie, qui causent tant de préjudices et de souffrance dans ce monde, sont implacables. Et si nous ne somme pas implacables en retour, en tant que force au service du bien, il est tellement facile de tomber dans les normes de nos systèmes », a‑t‑elle expliqué. 

Lapointe a appelé les B Corp à aller au-delà des bonnes intentions qui peuvent les aider à dissiper leur culpabilité ou à se sentir mieux. Au lieu de cela, elle les a encouragées à tisser des liens avec les peuples autochtones et avec les membres des communautés de première ligne. « Je veux que nous nous appuyions sur ce sentiment inconfortable », a‑t‑elle soutenu. « Commencez à créer ces relations basées sur la réciprocité. Manifestez-vous au sein de la communauté. Présentez-vous aux dirigeant.e.s (autochtones). […] Il s’agit des seules personnes qui ont été capables de survivre d’une manière durable sur les terres de ce continent. »

D’après Lapointe, il est également important de prendre conscience que nous disposons du temps nécessaire pour effectuer ce travail, une notion qui va à l’encontre des sentiments d’urgence et de rareté souvent suscités pour créer et renforcer les systèmes oppressifs. « Ce n’est pas parce que la crise climatique est présentement en cours que c’est le moment de paniquer. Nous sommes les descendant.e.s d’une longue lignée d’ancêtres qui ont survécu pour nous permettre d’être là aujourd’hui. Nous sommes les héritiers et les héritières d’une longue tradition de mouvements en faveur du changement », a‑t‑elle conclu. « Nous disposons d’une quantité de temps et de ressources bien plus que suffisante. Réservez du temps et faites de la place à cet effet. »  

Trousse à outils pour la défense de politiques et l’action collective

Le B Lab États-Unis et Canada a élaboré ce guide téléchargeable pour soutenir les entreprises dans leur travail en matière de défense de politiques et d’action collective. Téléchargez ce guide pour obtenir des ressources, des exemples, ainsi que d’autres renseignements axés sur la prise d’actions.

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Appels aux entreprises à appuyer la sagesse autochtone et à décoloniser les pratiques commerciales

Chez InnerLight, le fondateur et DG, Bodhi Patil, travaille avec des jeunes pour protéger les océans et la haute mer dans le monde entier. « La santé des océans est étroitement liée à la santé humaine », a‑t‑il affirmé. « Tout ce qui se trouve en amont s’écoule en aval. L’océan nous relie toutes et tous. » 

D’après Patil, il est primordial que les entreprises mettent en priorité le monde naturel et les communautés de première ligne, et qu’elles apprennent de leur résilience. « Nous devons assurer que la voix de la nature, la voix des océans, les peuples autochtones, ainsi que les gardien.ne.s des traditions, sont représenté.e.s au sein des équipes de haute direction et des conseils d’administration des entreprises », a‑t‑il déclaré. « Nous pouvons tant apprendre de la nature lorsque nous l’observons et la canalisons dans chacun.e d’entre nous. »

Selon Patil, les dirigeant.e.s d’entreprises doivent solliciter et écouter la sagesse tirée du passé et les espoirs pour l’avenir afin d’élaborer des solutions efficaces pour la santé des océans et la justice climatique. Par cela, il entend fournir les ressources, le financement et le soutien nécessaires aux idées des peuples autochtones, qui sont les gardiens traditionnels de la nature, et aux membres de la génération Z qui constituent 30 % de la population mondiale. « Nous apprenons une leçon vraiment importante au sujet de la résilience, de la capacité à survivre à des événements très traumatisants et à en ressortir encore plus fort.e.s », a‑t‑il avancé. « Et il existe tellement d’innovations incroyables créées par les jeunes que les B Corp peuvent mettre en place. »

Les jeunes défenseur.e.s de l’action climatique constituent également l’une des principales composantes des efforts de Naisha Khan en tant que cofondatrice de l’organisme Climate Recentered, basé à Surrey, en Colombie-Britannique. Elle collabore avec des jeunes autochtones, noir.e.s et de couleur en vue de mettre en relation les gens et d’insuffler de la joie dans leur travail de défense pour créer un avenir meilleur.

La famille de Khan est originaire du Bangladesh, l’une des régions du monde les plus touchées par la crise climatique. Là‑bas et ailleurs, les communautés populaires et de première ligne plaidant en faveur de la justice climatique cherchent à stimuler une transition vers la décroissance, un cadre économique qui respecte les limites de la Terre.  « Le monde des affaires ne peut pas continuer à son rythme habituel », a‑t‑elle déclaré. « La décolonisation est une pratique, et elle touche à tout ce que nous faisons. »

Elle s’est servie du chandail qu’elle portait comme exemple des impacts sociaux et environnementaux de grande ampleur ainsi que des effets d’entraînement de nos systèmes actuels. « Je réfléchis beaucoup à l’origine des fibres de ce chandail et au fait que je l’ai acheté ici », a‑t‑elle expliqué. « Et à la manière dont nous sommes, lui et moi, des sous-produits du colonialisme, à la façon dont nos fibres sont entremêlées à l’histoire du capitalisme, des activités extractives et des déséquilibres de pouvoir. » 

D’après Khan, les dirigeant.e.s d’entreprises qui souhaitent aussi créer un monde meilleur doivent reconnaître les déséquilibres de pouvoir soutenus par les sous-produits du colonialisme et l’oppression continuelle des communautés autochtones et de première ligne. « Ces solutions que nous présentons sont déconnectées des personnes qui résolvent les défis et créent des microcosmes du monde que nous voulons concevoir », a affirmé Khan. « Ces personnes détiennent les solutions. » 

La lutte contre la crise climatique nécessite des pratiques et des politiques qui contribuent à démanteler les systèmes d’oppression extractifs soutenant le capitalisme, selon elle. « Nous ne pouvons pas élaborer un plan d’affaires pour nous sortir de la crise climatique », a poursuivi Khan. « Remettez en question votre idée du confort. Remettez en question votre idée d’un monde meilleur. Parce que l’évolution ne se produit pas dans une zone de confort. »

Regardez la conversation complète de la séance « Youth at the Forefront » (les jeunes au premier plan) [en anglais]

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