De vulnérable à précieux : lutter contre l’écoembourgeoisement en ce mois d’août

Lauren Everett

September 10, 2025

Quel est le vrai coût des catastrophes environnementales?

Si cette question suscite une réponse émotionnelle et vous incite à réfléchir à la valeur de la vie humaine, vous êtes à la bonne place. Nous nous servons de ce moment, le vingtième anniversaire de l’une des catastrophes environnementales les plus traumatisantes de l’histoire, pour méditer sur une terrible tragédie et poursuivre une conversation cruciale dans le cadre de laquelle nous pouvons écouter et ressentir les émotions avant de devoir répondre.
Le 29 août 2025, les États-Unis d’Amérique se souviendront de plus de mille vies perdues, et d’un plus grand nombre de moyens de subsistance détruits, lors de l’ouragan Katrina et des inondations dévastatrices qu’il a entraînées sur la côte du golfe du Mexique. Même si des mesures ont été mises en place pour atténuer les effets et réduire la probabilité de telles tragédies à l’avenir, l’anniversaire de l’ouragan Katrina ravive des traumatismes chez de nombreuses personnes.

Pour les personnes aux moyens limités qui vivent dans des communautés désavantagées, pour celles qui font toujours face aux dures réalités de l’iniquité raciale et de la marginalisation économique, le vingtième anniversaire de l’ouragan Katrina éveille le besoin de rouvrir des conversations constructives. Nous devons nous servir de cette occasion pour examiner d’un regard critique les incidences de l’embourgeoisement environnemental, les promesses non tenues en matière d’équité raciale et le rôle que les entreprises peuvent jouer pour remettre tout le monde sur la voie de la justice.

Du point de vue de l’histoire : quel est le vrai coût des catastrophes environnementales?

Depuis 1980, les États-Unis ont subi 403 grandes catastrophes météorologiques et climatiques [en anglais].

Rien qu’entre 2020 et 2024, nous avons été témoins de 115 catastrophes majeures causant plus de 700 milliards de dollars de dommages et la perte de plus de 2 500 vies. Parmi toutes ces catastrophes, les plus mortelles, les plus coûteuses et les plus récurrentes ont été des ouragans, suivis par des tempêtes violentes et de graves inondations. L’ouragan Katrina demeure l’une des catastrophes les plus meurtrières et dévastatrices à ce jour.

D’après l’Administration océanique et atmosphérique nationale (NOAA), les États-Unis perdent en moyenne 160 personnes [en anglais] et 34,3 milliards de dollars tous les ans en raison des systèmes de tempêtes tropicales. Malheureusement, cette année risque de ne pas être différente. La NOAA prévoit avec 70 % de probabilité que trois à cinq ouragans majeurs pourraient se former [en anglais] entre juin et novembre 2025.

Aussi affligeante que soit cette nouvelle, ce n’est rien en comparaison avec l’anxiété que les personnes marginalisées, traumatisées et en situation de handicap peuvent ressentir à la pensée de revivre de tels événements dans les régions exposées aux catastrophes.

Nous évaluons souvent les effets destructeurs des catastrophes en termes économiques. Cependant, les vrais coûts des ouragans, des inondations et des autres catastrophes environnementales ne sont pas les milliards de dollars perdus en revenu et en dommages matériels, mais les milliers de vies perdues au cours de ces tragédies et les espoirs brisés des survivant.e.s qui continuent de souffrir sous le poids implacable de l’embourgeoisement environnemental.

Risques climatiques et équité environnementale : qui porte le fardeau des catastrophes environnementales?

Tandis que nous félicitons les organismes gouvernementaux et indépendants qui ont investi des milliards de dollars pour atténuer les répercussions des ouragans et des autres catastrophes naturelles, une question demeure : comment pouvons-nous vraiment soutenir les communautés touchées? Et les personnes qui n’ont ni les moyens de déménager facilement, ni la capacité d’assumer les poids économiques et psychologiques de ces catastrophes?

Chaque année, des milliers de personnes de couleur et de familles à faible revenu sont exposées à un risque élevé de déplacement permanent et de perte d’indépendance économique en raison des catastrophes naturelles. D’après le rapport sur la pauvreté aux États-Unis en 2023 du Bureau de recensement des États-Unis, une personne noire sur six et une personne d’origine hispanique sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté [en anglais]. En même temps, ces groupes font face à un risque beaucoup plus élevé d’exposition aux catastrophes environnementales.

Sur l’ensemble des Américain.e.s noir.e.s, 55 % vivent dans les régions du sud [en anglais] et du sud-est des États-Unis. Dans ces régions, plusieurs États ont connu les taux les plus élevés d’incidences de catastrophes environnementales majeures [en anglais]. Le Texas, la Géorgie et la Caroline du Nord, qui ont subi le plus grand nombre de catastrophes naturelles [en anglais] dans l’histoire des États-Unis, accueillent plus de personnes de couleur que la plupart des autres États, en plus d’héberger une plus grande proportion de foyers percevant un revenu inférieur au seuil de pauvreté.

Le département de la santé et des services sociaux de la Caroline du Nord (NCDHHS) a enregistré 108 décès causés par l’ouragan Helene [en anglais] entre décembre 2024 et juillet 2025. La Caroline du Nord a récemment subi la tempête tropicale Chantal [en anglais],  qui a commencé comme une dépression tropicale et a entraîné une crue soudaine, causant des inondations mortelles qui ont tué six personnes sur leurs passages.

Les personnes marginalisées sont davantage exposées à des risques lors de catastrophes environnementales

La Nouvelle-Orléans, une ville comptant une majorité de personnes noires, a été la zone la plus touchée par l’ouragan Katrina [en anglais]. La tragédie a entraîné un déclin de 8,5 % de la population noire de la ville en un an alors que la population de tous les autres groupes ethniques a augmenté au cours de la même période.

Ce rétablissement inégalitaire est possiblement dû au fait que, parmi les personnes touchées dans la ville de la Nouvelle-Orléans, 75 % étaient noires [en anglais], 29,2 % vivaient sous le seuil de pauvreté, et 52 % étaient locataires et n’avaient donc aucun bien précieux à réclamer. Ou, c’est peut-être parce que l’Agence fédérale de gestion des urgences (la FEMA) peut avoir mal géré certains fonds de secours aux victimes de catastrophes [en anglais] et ne pouvait plus indemniser toutes les communautés désavantagées.

Une nouvelle étude de l’Union géophysique américaine (AGU) [en anglais] a révélé que 43 % des 90 000 bâtiments inondés en Caroline du Nord de 1996 à 2020 se trouvaient en dehors des plaines d’inondation désignées par la FEMA. Ceci signifie qu’ils ne pouvaient pas être couverts par une assurance contre les inondations. Ces données suggèrent que certaines communautés situées à l’extérieur des zones à risque élevé définies par la FEMA peuvent avoir connu des inondations dévastatrices sans bénéficier d’aucune forme de protection économique ou d’indemnisation.

Lors des récents feux de forêt en Californie, la plupart des victimes [en anglais] étaient des personnes de couleur, âgées et en situation de handicap. Certains des quartiers de la localité d’Altadena et de Pacific Palisades ont reçu tardivement les ordres d’évacuation [en anglais] et dix-sept résident.e.s ont perdu la vie dans un incendie non anticipé. Cet incendie a embrasé des maisons et des propriétés sur 14 000 acres, laissant sur son passage des milliers d’infrastructures endommagées et entraînant le déplacement d’un nombre encore plus important de personnes.

Les B Corp et les autres entreprises engagées peuvent mettre en œuvre des stratégies axées sur la justice

Certains des efforts d’atténuation des catastrophes et de rétablissement ont creusé les écarts sociaux dans les communautés touchées, au lieu d’améliorer le niveau de vie de tout le monde. Après ces tragédies, les organismes d’indemnisation, tels que la FEMA, ont privilégié l’accession à la propriété et la valeur marchande des propriétés par rapport aux besoins économiques individuels.

Les survivant.e.s à faible revenu, qui ont peu ou pas de biens précieux avant la catastrophe, peuvent parfois avoir plus de difficultés à assumer le coût de la vie dans leur communauté après une mise à niveau environnementale. En tant que propriétaire de B Corp ou d’une entreprise engagée, vous pouvez aider à réécrire cette histoire en utilisant des stratégies commerciales qui accordent la priorité aux personnes les plus vulnérables au sein de vos communautés.

Voici quelques stratégies de rétablissement que nous pouvons mettre en œuvre immédiatement.

Commanditer les services locaux d’aide à l’évacuation

En période de crise, les personnes âgées, démunies et en situation de handicap tardent souvent à quitter les régions désignées, car elles n’ont généralement pas suffisamment de ressources et d’options pour déménager. Le fait de commanditer les organismes d’intervention d’urgence de votre communauté peut contribuer à alléger le fardeau de ces opérations pour toutes les parties impliquées, en soutenant l’évacuation d’un plus grand nombre de personnes et en offrant à celles qui restent d’autres options pour se mettre à l’abri.

Consultez les normes du domaine des affaires publiques et de l’action collective [en anglais] du B Lab pour en savoir plus.

Soutenir les efforts locaux en matière d’économie régénératrice

En adoptant des conceptions circulaires et des politiques en matière d’énergies renouvelables, en plus d’utiliser vos plateformes afin de militer pour la justice climatique, votre entreprise peut soutenir un environnement plus durable, en réduisant les risques liés aux catastrophes alors que les crises climatiques sont en voie de devenir plus graves à l’avenir.

Consultez les normes des domaines de l’action climatique [en anglais] et de la gestion environnementale et la circularité [en anglais] du B Lab pour en savoir plus sur la mise en œuvre de cette approche.

Tenir compte des besoins économiques dans les politiques d’embauche

L’une des manières de favoriser la justice environnementale et l’antiracisme au sein de vos activités est d’offrir aux personnes marginalisées et aux survivant.e.s de catastrophes la protection de l’emploi, l’équité salariale et des occasions de création de richesses. Ces mesures significatives rétablissent l’équité et réduisent les chances qu’une personne se retrouve en détresse ou sans ressources après une catastrophe.

Les nouvelles normes du B Lab dans les domaines de la justice, l’équité, la diversité et l’inclusion [en anglais],  les droits de la personne [en anglais] et le travail équitable [en anglais] fournissent des conseils pour réaliser ces objectifs.

Une économie écoresponsable est la solution gagnante pour tout le monde

Nous avons la responsabilité de nous soucier les un.e.s des autres. Les entreprises de la communauté B Corp ont une longue histoire de promotion et de commandite d’initiatives en matière de développement durable destinées aux personnes les plus vulnérables de nos communautés.

Des centaines de B Corp mènent des actions collectives aux échelles nationales et mondiales [en anglais] pour lutter contre les changements climatiques, promouvoir une fabrication écologique et favoriser le versement d’une rémunération équitable au sein de leurs communautés locales.

Même avec un budget limité, vous pouvez promouvoir une économie régénératrice. Par exemple, Gemini Energy Solutions [en anglais] a développé un logiciel pour démocratiser la vérification de l’efficacité énergétique, permettant aux plus petites entreprises de mettre en place des politiques en matière d’énergie propre à un coût abordable.

Si votre entreprise est prête à se lancer, quelle que soit l’étape où elle en est, consultez notre outil de l’évaluation B Impact [en anglais] mis à disposition gratuitement.

Copyright : B Lab États-Unis et Canada

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