Des entrepreneures autochtones en première ligne du mouvement B Corp
November 12, 2025
Au cours des dernières semaines, deux dates importantes ont invité à la réflexion et à l’action en Amérique du Nord : la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada le 30 septembre et la Journée des peuples autochtones aux États-Unis [en anglais] le 13 octobre. Ces journées d’hommage nous appellent à honorer les histoires autochtones, à mesurer les héritages coloniaux, ainsi qu’à célébrer la résilience et le leadership des communautés autochtones aujourd’hui.
L’une des formes d’expression puissantes de ce leadership est le nombre croissant de femmes autochtones qui créent des entreprises au service des personnes et de la planète. En dépit des obstacles systémiques allant de l’accès limité aux capitaux et aux réseaux aux effets persistants de lois discriminatoires telles que la Loi canadienne sur les Indiens [en anglais], les femmes autochtones lancent des entreprises à un rythme deux fois plus soutenu [en anglais] que celui des femmes non autochtones. Le champ de leurs activités s’étend bien souvent au-delà de leur prospérité personnelle pour faire avancer le bien-être de la communauté, la conservation de la culture et l’intendance de l’environnement.
Et, pourtant, des inégalités tenaces demeurent. Les fondatrices d’entreprises autochtones déclarent qu’elles rencontrent davantage de difficultés pour obtenir des prêts et du mentorat, ainsi que pour accéder aux réseaux commerciaux classiques. Les fondatrices et les fondateurs inuit.e.s et des Premières Nations perçoivent seulement 1,86 % du capital-risque canadien [en anglais]. Du reste, un grand nombre d’entrepreneur.e.s autochtones comptent toujours sur leurs épargnes personnelles plutôt que sur un financement institutionnel pour lancer leur entreprise. Ce contexte crée un paradoxe : des innovations et un esprit entrepreneurial extraordinaires se retrouvent limités par des structures qui n’ont pas été conçues pour les soutenir.
C’est dans ce cadre que des initiatives comme le programme Level du B Lab États-Unis et Canada [en anglais] entrent en jeu. Le programme Level a été conçu pour soutenir les femmes de couleur, y compris les fondatrices autochtones, dans leurs cheminements au travers des inégalités systémiques et dans leurs parcours complexes pour devenir une entreprise certifiée B, une désignation qui évalue l’impact d’une entreprise sur les employé.e.s, les communautés et l’environnement. Pour de nombreuses femmes autochtones, dont les modèles d’affaires sont naturellement en phase avec les valeurs B Corp de gouvernance partenariale et de bien-être collectif, le programme Level offre une reconnaissance et une voie pour lier leur vision à un mouvement global d’entreprises inclusives et écoresponsables.
Cette année, il est particulièrement important de mettre en vedette les entrepreneures autochtones qui ont participé au programme Level et de célébrer la manière dont elles réinventent le monde des affaires aux États-Unis et au Canada.
Alissa Assu, fondatrice et propriétaire de RavenSong, Bear Essential Oils et West Coast Wildflowers

Photo fournie par l’organisme Nuu-chah-nulth Economic Development Corporation (NEDC, organisme sans but lucratif de développement des affaires des nations Nuu-chah-nulth)
Pour Alissa Assu, l’entrepreneuriat est indissociable de la guérison, de la culture et de la communauté. Membre de la Première Nation Nisga’a et du clan Laksamshu (épilobe et hibou) de la Première Nation Wet’suwet’en, Assu est la fondatrice de plusieurs entreprises enracinées sur l’île de Vancouver : RavenSong Soap & Candle [en anglais], Bear Essential Oils [en anglais] et West Coast Wildflowers [en anglais]. Chaque entreprise est une forme d’expression de la résilience et de l’identité autochtones, alliant traditions et entrepreneuriat contemporain.
Pour Bear Essential Oils, Assu s’inspire du savoir botanique ancestral et de l’esprit communautaire pour créer des huiles essentielles biologiques à base de plantes sauvages qui soutiennent le mieux-être et les soins personnels. Basée à Campbell River, West Coast Wildflowers est une boutique spécialisée dans le style de vie qui met de l’avant des artisan.e.s autochtones aux côtés d’autres créatrices et créateurs canadien.ne.s, créant un espace de vente sûr et inclusif sur les territoires traditionnels des peuples Ligwiłda’xw. RavenSong Soap & Candle, qu’Alissa a cofondée avec Cody Assu, produit des bougies et des savons artisanaux qui transmettent des histoires par le biais de senteurs, honorant l’héritage des nations Haïda, Nisga’a, Wet’suwet’en et We Wai Kum.
Le travail d’Assu est aussi profondément personnel. En tant que survivante d’une greffe de rein et qu’ancienne jeune prise en charge, le fait de renouer avec la médecine traditionnelle a constitué une partie intégrante de son parcours de guérison des traumatismes intergénérationnels. Elle conçoit ses entreprises comme des activités commerciales, mais aussi comme des mouvements communautaires, c’est-à-dire des espaces dans lesquels les valeurs autochtones de réciprocité, de durabilité et d’intégrité culturelle peuvent prospérer au sein de marchés de vente au détail compétitifs. En dehors de ses affaires, Assu est une bénévole active pour des organismes comme les Jeux autochtones d’Amérique du Nord, la Société canadienne du sang et la Régie de la santé des Premières Nations, amplifiant les voix autochtones dans les domaines de la santé et du mieux-être.
Son leadership reflète les occasions et les défis auxquels de nombreuses fondatrices d’entreprise autochtones font face : d’un côté l’accès limité aux capitaux, aux réseaux et à la reconnaissance systémique, et pourtant, de l’autre, une capacité très grande à innover et à mettre en phase l’entrepreneuriat avec le souci de la communauté. Comme Assu l’a formulé : « c’est ici que commence l’authentique nature autochtone » [en anglais].
Olivia Roanhorse, directrice de l’exploitation et responsable de portefeuille chez Roanhorse Consulting LLC

Olivia Roanhorse perçoit les entreprises comme un vecteur pour transférer le pouvoir et réinventer les systèmes. Citoyenne de la nation Navajo (aussi appelée Diné), elle a grandi à Window Rock, en Arizona, la capitale de la nation. Elle fait perdurer les enseignements diné au travers de son leadership, guidée par ses clans : le clan To’ahaní (Proche de l’eau) du côté de sa mère et le clan To’dichiiníí (Eau amère) du côté de son père. Aujourd’hui, elle vit à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, sur le territoire non cédé des Tewa, où elle est directrice de l’exploitation et responsable de portefeuille chez Roanhorse Consulting LLC (RCLLC) [en anglais].
Avec plus de 25 ans d’expérience dans les domaines de l’enseignement, de la santé publique et des organismes sans but lucratif, Roanhorse apporte à son travail ses expériences et son expertise professionnelle. Chez RCLLC, elle supervise la direction stratégique, l’excellence opérationnelle et la durabilité financière de la société de conseils, qui propose des solutions en matière de santé et de prospérité, conçues par et pour les communautés autochtones. Son approche met l’accent sur la création de véritables partenariats pour amplifier les voix de la communauté, donner une place centrale à la culture et à la langue, ainsi que rejeter les systèmes uniformes qui ignorent les réalités autochtones.
La carrière de Roanhorse reflète cet engagement. Avant de se joindre à RCLLC, elle était vice-présidente des programmes de la fondation Notah Begay III où elle a contribué à faire avancer l’équité en matière de santé pour les jeunes autochtones. Dans le cadre de ses postes précédents, à Chicago, elle a exercé des fonctions dans les domaines de la gestion clinique, de la recherche sur les disparités et de l’analyse des politiques. Elle a également poursuivi des études de doctorat à l’université Johns-Hopkins, mais elle s’est retirée du programme, reconnaissant l’engagement limité de l’établissement envers l’équité en santé. Cette décision souligne sa conviction que les visions autochtones du monde et le vécu sont essentiels pour concevoir des solutions significatives.
Sous la direction d’Olivia, Roanhorse Consulting crée avec détermination un avenir dans lequel le savoir autochtone est au cœur des systèmes qui contribuent à la santé et à la prospérité. La culture de la société reflète ces valeurs, accordant la priorité au mieux-être, à la transparence et au démantèlement des normes suprémacistes blanches dans les milieux de travail. L’objectif est simple, mais profond : créer un monde où les enfants et les petits-enfants autochtones peuvent prospérer.
Patrice Mousseau, fondatrice et DG de Satya Organics

Le parcours de Patrice Mousseau vers l’entrepreneuriat a commencé chez elle. Membre de la Première Nation de Fort William et ancienne journaliste de radio-télévision, elle s’est inspirée de la médecine traditionnelle et de la recherche scientifique lorsque sa toute jeune fille, Esme, a reçu un diagnostic d’eczéma grave. Refusant de recourir aux crèmes à base de stéroïdes, elle a réalisé des expérimentations avec une poignée d’ingrédients biologiques et une mijoteuse à 15 $. En deux jours, son baume fait maison a rendu la peau d’Esme saine. Cette formule est devenue la base de Satya Organics [en anglais], une gamme de remèdes sans stéroïdes à base de plantes qui est désormais utilisée par des milliers de client.e.s.
Ce qui a commencé comme une nécessité est devenue l’une des marques dirigées par des personnes autochtones les plus reconnues au Canada. Satya Organics est la première entreprise autochtone de produits de soins de la peau à être distribuée par la chaîne Pharmaprix (Shoppers Drug Mart), avec des produits maintenant proposés à la vente sur les tablettes de plus de 1 100 magasins, ainsi que dans des boutiques de produits de santé et des pharmacies aux quatre coins du pays. Certifiée biologique, non testée sur les animaux et carboneutre, la marque Satya reflète la croyance de Mousseau que les soins de la peau naturels et efficaces doivent être accessibles à toutes les familles. L’entreprise a également attiré l’attention de la société d’investissement Raven Indigenous Capital Partners qui lui a accordé un financement, ce qui a stimulé sa croissance rapide tout en lui permettant de rester fidèle à ses principes fondamentaux.
Mousseau n’a jamais perdu de vue les valeurs qui ancrent la croissance de Satya : le soin de la famille, le respect du savoir traditionnel et l’engagement à offrir des remèdes naturels et accessibles. Elle a fait de Satya une entreprise certifiée B, garantissant la responsabilisation à l’égard des personnes et de la planète, et pas seulement envers les bénéfices. Les membres de son équipe, composée en grande partie de femmes et de mères monoparentales, perçoivent un salaire décent et travaillent dans des conditions positives. Mousseau a également lancé un laboratoire de l’innovation pour offrir du mentorat à des petit.e.s entrepreneur.e.s du secteur de la beauté, en mettant particulièrement l’accent sur les femmes autochtones, afin de les doter des outils et de l’expertise nécessaires pour commercialiser leurs formules sur le marché.
Pour Mousseau, l’entreprise est autant une question d’héritage que de soins de la peau. Elle l’a dénommée Satya d’après le terme Sanskrit pour « vérité ». Elle insiste pour que l’entreprise reste fidèle à ses origines, alliant le savoir ancestral, l’intégrité scientifique et le souci de la communauté. La portée de cet engagement s’étend jusqu’à sa vision pour la prochaine génération, en particulier pour sa fille : « Parce qu’elle voit sa mère faire ces choses, […] elle se sent libre de saisir toutes les occasions et sûre d’elle dans ses conversations avec les autres, les garçons dans la cour de l’école et les hommes lorsqu’elle sera plus grande », a affirmé Mousseau. « Elle n’aura jamais l’impression d’être limitée par son genre. »
Découvrez les femmes du programme Level
Apprenez-en davantage sur des dirigeantes d’entreprises qui contribuent à bâtir une économie plus équitable et plus juste dans une nouvelle ressource téléchargeable [en anglais] du B Lab États-Unis et Canada.
Annie Korver, fondatrice et directrice de Rise Consulting

Annie Korver, citoyenne de la Nation métisse, a fondé Rise Consulting [en anglais] en 2013 afin d’aider les entreprises à aller au-delà des déclarations de soutien et prendre des actions significatives pour favoriser la réconciliation. Guidée par l’appel à l’action 92 de la Commission de vérité et réconciliation, la société fait avancer l’inclusion des personnes autochtones et la réconciliation économique dans l’ensemble des secteurs. Depuis sa base à Fernie, en Colombie-Britannique, Rise s’est développée et est devenue une société de conseils nationale qui collabore avec des entreprises dans les secteurs de l’énergie, de la finance, des ressources naturelles et au-delà, pour les aider à reconnaître les droits autochtones, à renforcer les relations et à incorporer la réconciliation dans les pratiques quotidiennes.
Le travail de Rise est ancré dans les principes de respect, de réciprocité et de responsabilité. La société encourage sa clientèle à intégrer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) [en anglais] dans la gouvernance, l’exploitation et la stratégie tout en donnant également une place centrale aux droits, à la souveraineté et aux voix autochtones dans les projets de développement économique. Elle offre ses services dans les domaines du leadership, de l’engagement communautaire, du cycle de vie en milieu de travail, de la chaîne d’approvisionnement, de la durabilité et des facteurs ESG, toujours guidée par le principe « rien à propos de vous, sans vous ». En 2023, Rise est devenue une entreprise certifiée B, officialisant son harmonisation avec les normes mondiales en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Le leadership de Korver a été reconnu à l’échelle nationale. Elle a été nommée parmi les finalistes du prix EY Entrepreneur of the Year (prix entrepreneur.e de l’année d’EY) en 2024. De plus, elle est membre des conseils d’administration du Conseil canadien pour le commerce autochtone et de l’organisme Canadian Business for Social Responsibility (association d’entreprises canadiennes en faveur de la responsabilité sociale). Elle est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’université de Calgary et elle a obtenu la désignation Global Competent Boards pour le programme ESG. Son approche des services de conseils met l’accent sur la responsabilité de l’entreprise, mais aussi sur l’humilité culturelle, le tissage de relations et l’objectif à long terme consistant à s’assurer que la prospérité n’est jamais obtenue aux dépens des droits ou du bien-être des personnes autochtones.
Pour Korver, la réconciliation est autant professionnelle que personnelle. Vivant avec son mari et ses enfants à Ktunaxa ʔamakʔis, les terres ancestrales du peuple Ktunaxa, elle incarne l’équilibre entre la famille, la communauté et la direction d’entreprise. Le nom même de Rise Consulting reflète sa mission : soutenir la présence croissante des Nations autochtones au Canada, en veillant à ce que la réconciliation ne soit pas seulement déclarée, mais aussi vécue.
Lacey Horn, directrice générale de Native Advisory

Lacey Horn (de la Nation cherokee) est une stratège financière dont la carrière a été déterminée par la protection et l’expansion de la souveraineté économique des nations autochtones. En tant que fondatrice et DG de Native Advisory [en anglais], une entreprise certifiée B appartenant complètement à une femme autochtone, Horn dirige une société de conseils stratégiques qui offre des services financiers personnalisés aux gouvernements tribaux, aux entreprises appartenant à des personnes autochtones et à des sociétés travaillant avec des tribus. Sa mission? Aider les communautés autochtones à protéger leurs ressources aujourd’hui tout en investissant pour les sept générations à venir, et au-delà.
Horn a bâti son parcours vers l’entrepreneuriat en s’appuyant sur une expertise financière approfondie. Après avoir occupé ses premiers postes chez Hunt Oil et KPMG, elle a servi la Nation cherokee en tant que trésorière, de 2011 à 2019. Dans le cadre de ses fonctions, elle a doublé le budget de la nation [en anglais], qui est passé de 600 millions de dollars à 1,2 milliard, elle a supervisé le projet d’expansion de 400 millions de dollars du système de santé de la nation et elle a obtenu des résultats positifs aux vérifications financières pendant huit années consécutives. Chez Native Advisory, avec son équipe, elle a conseillé et sécurisé plus de 1,4 milliard de dollars de financement pour sa clientèle tribale, aidant les dirigeant.e.s à moderniser les opérations de trésorerie, à résorber les retards dans les vérifications, à déployer stratégiquement les fonds de stimulation et à renforcer la résilience dans les domaines des soins de santé, de la technologie et de la souveraineté alimentaire.
Le champ de l’influence de Horn s’étend bien au-delà de sa société. Elle est présidente du Native American Rights Fund (NARF, fonds pour les droits des Autochtones des États-Unis) [en anglais], le bureau de consultation juridique sans but lucratif le plus ancien de la nation qui est dédié à la protection des droits des personnes autochtones. De plus, elle est administratrice du Smithsonian’s National Museum of the American Indian (musée national consacré aux Autochtones d’Amérique du Nord). Reconnue en tant que leader éclairée à l’échelle nationale, elle intervient souvent en tant que conférencière pour présenter sa vision du leadership financier transformateur qui allie les valeurs cherokee traditionnelles aux systèmes économiques modernes.
Au travers de son entreprise Native Advisory, Horn prouve que la finance peut être un outil de souveraineté, de conservation de la culture et de prospérité. Son approche reflète une vision typiquement autochtone du monde, soit une vision qui établit un équilibre entre la stratégie rigoureuse et l’intendance à long terme.
Andréanne Mulaire Dandeneau, fondatrice et directrice générale d’Anne Mulaire

Pour Andréanne Mulaire Dandeneau, la mode est autant une forme d’expression culturelle qu’une action climatique. Puisant dans ses racines anishinaabe et métisses françaises, Dandeneau, créatrice de mode, a lancé sa marque éponyme, Anne Mulaire, en 2005, avec l’objectif de créer des vêtements qui honorent ses origines tout en faisant avancer des pratiques écoresponsables et circulaires. Vingt ans plus tard, la marque basée à Winnipeg est devenue un nom de premier ordre dans le monde de la mode éthique et autochtone, offrant des tailles inclusives (allant de TTP à 6X), des petites éditions et des services de conception à la commande, ainsi qu’un engagement très profond en faveur de la durabilité.
Dès les premiers jours, Dandeneau a ancré la marque dans l’héritage et le récit. Sa collection Héritage, créée en collaboration avec son père, un artiste, tisse les motifs métis et anishinaabe traditionnels dans des conceptions contemporaines. Depuis ses installations situées sur les terres du Traité n° 1, les territoires traditionnels des Nations des Anishinaabe et des Moskégons, ainsi que les terres ancestrales de la Nation métisse, Anne Mulaire dirige son entreprise en prônant la responsabilité environnementale, proposant un programme zéro déchet et des initiatives circulaires, telles que des services de revente, de retouche et d’ajustement. Des innovations, comme les chaussettes W8STED fabriquées entièrement à partir de restes de tissus, reflètent la détermination de Dandeneau à transformer les déchets textiles en nouveaux produits significatifs.
En tant qu’entreprise certifiée B, Anne Mulaire associe la durabilité à la responsabilité sociale. L’entreprise compense ses émissions de carbone, s’approvisionne en tissus écoresponsables et soutient les fabricant.e.s canadien.ne.s en se tournant vers la production locale. Ses initiatives ont permis de réduire la production de déchets textiles de 15 000 livres (environ 6 800 kg) et les émissions de carbone d’un total équivalent à celles générées par un trajet de 14 000 kilomètres en voiture. La marque s’engage également en faveur de l’inclusivité, en assurant que ses vêtements peuvent être portés par un large éventail de types de corps et en offrant des ajustements sur mesure pour prolonger leur vie.
Dandeneau a reçu le prix Excellence in Aboriginal Business Leadership (prix de l’excellence en leadership entrepreneurial autochtone) en reconnaissance de son travail, et elle a été commissionnée, entre autres, par le Royal Winnipeg Ballet et le Musée canadien pour les droits de la personne. Toutefois, sa vision demeure fermement axée sur la communauté et les valeurs, démontrant que la mode peut respecter la Terre mère et préserver le savoir culturel, en plus de prouver que le style et la durabilité peuvent s’épanouir ensemble.
Lesley Kabotie, fondatrice d’Indigenous Collaboration

Lesley Kabotie (de la tribu Crow du Montana) a consacré sa carrière à la création d’espaces où les communautés autochtones peuvent résoudre leurs défis les plus urgents ensemble. En tant que fondatrice et présidente de l’entreprise Indigenous Collaboration inc. [en anglais], une benefit corporation publique (structure de société d’intérêt général aux États-Unis) appartenant à une femme autochtone, elle offre des services de facilitation basés sur le consensus, de planification stratégique et de développement du leadership aux gouvernements tribaux, aux organismes sans but lucratif autochtones et aux entreprises servant les peuples autochtones. Son approche reflète une croyance profonde : les réponses aux défis des pays amérindiens existent déjà au sein des communautés elles-mêmes; elles ont seulement besoin d’avoir l’occasion d’être exprimées et mises en œuvre.
Le parcours de Kabotie relie des mondes différents. Fille d’une activiste crow et d’un exploitant de ranch écossais-irlandais, elle a grandi dans la réserve Crow au Montana, influencée par une famille profondément ancrée dans la tradition culturelle et le service public. Sa grand-mère, Susie Walking Bear (Susie l’ours marchant), fut la première infirmière autochtone autorisée aux États-Unis, et, son grand-père, Tom Yellowtail, était chaman et chef de la cérémonie de la danse du soleil. Titulaire de diplômes de l’université Stanford (en anthropologie) et de l’université Regis (gestion des organismes sans but lucratif), Kabotie a associé son expertise universitaire au savoir culturel pour concevoir des processus qui honorent tant la sagesse traditionnelle que les besoins organisationnels contemporains.
Au travers d’Indigenous Collaboration, Kabotie a travaillé avec des dirigeant.e.s de groupes tribaux et des communautés autochtones sur un éventail de questions, allant de l’énergie au développement économique, en passant par l’éducation, la santé, l’hébergement et la protection de la langue. Ses méthodes sont ancrées dans la participation, le travail d’équipe, la créativité, le consensus et l’action, des valeurs qui favorisent la clarté et la cohésion, même dans les situations les plus complexes ou clivantes. Elle est passée maîtresse dans l’art de la facilitation, guidant les groupes au travers de dialogues qui permettent de mettre au jour des perspectives collectives et d’élaborer des plans d’action concrets et durables.
Pour Kabotie, ce travail est professionnel, mais aussi profondément personnel. Elle considère que son rôle consiste à aider les communautés à renouer avec leur capacité d’autodétermination et de guérison. « Personne d’autre que nous ne détient les réponses à ces questions », a-t-elle déclaré [en anglais]. En cultivant des conversations authentiques, ancrées dans des valeurs culturelles, Kabotie aide les communautés à tracer leur avenir, renforçant la souveraineté, la résilience et le bien-être des peuples autochtones pour les générations à venir.
Honorer le leadership et concevoir l’avenir
Les parcours de ces sept entrepreneures autochtones, couvrant les secteurs des produits de soin de la peau, des services de conseils, de la finance, de la mode et de la collaboration communautaire, reflètent autant la résilience que la vision. Chacune d’elles a été confrontée à des obstacles systémiques, allant de l’accès limité aux capitaux et aux réseaux au poids des héritages coloniaux; et elles les ont transformés en occasion de créer des entreprises ancrées dans l’intégrité culturelle, la durabilité et le souci de la communauté.
Dans le cadre du programme Level, ces fondatrices ont fait avancer leurs entreprises, mais elles ont aussi redessiné les contours plus larges du monde des affaires. Leur travail illustre la manière dont les valeurs autochtones, soit la réciprocité, l’intendance et le bien-être collectif, sont naturellement en phase avec les principes B Corp et remettent en cause les modèles dominants de croissance à tout prix. Elles nous rappellent que l’entrepreneuriat peut être une force pour la réconciliation, la guérison et la prospérité à long terme.
À l’occasion de la Journée nationale de la réconciliation et de la vérité au Canada, ainsi que de la Journée des peuples autochtones aux États-Unis, il est opportun et important de reconnaître et d’honorer leur leadership. Les entreprises qu’elles ont créées sont plus que des activités commerciales. Elles constituent des engagements à l’égard des générations futures et envers une façon de faire des affaires qui concilie les bénéfices et la mission. Pour la communauté B Corp, leurs exemples représentent une source d’inspiration et un appel à l’action, incitant à continuer d’éliminer les obstacles, d’amplifier les voix autochtones et de créer une économie dans laquelle toutes les personnes et les cultures peuvent prospérer.
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