La maison d’édition Lauren Simone réécrit l’industrie du livre jeunesse
Une maison d’édition mère-filles facilite l’accès à des livres avec des personnages plus diversifiés et inclusifs
Cet article fait partie d’une série sur les dirigeantes d’entreprises participant au programme Level [en anglais], qui en est à sa troisième année. Par le biais du programme Level, le B Lab États-Unis et Canada vise à soutenir et à établir des partenariats avec des cheffes d’entreprise qui s’identifient des femmes de couleur afin d’amplifier leur portée économique et leur impact communautaire.
Lauren Simone Publishing House est une société de services d’édition appartenant à des personnes noires, propulsée par une mère et ses filles. Melissa-Sue John, la directrice générale, dit que ses filles l’ont inspirée à lancer l’entreprise après que John ait remarqué un manque de livres pour enfants avec des personnages noirs. Sa fille de 9 ans lui a rappelé : « Ne vous plaignez pas du problème, mais soyez la solution. »
Basée dans le Connecticut, Lauren Simone Publishing House [en anglais] cherche à accroître l’accès à des histoires qui trouvent un écho auprès de tou.te.s les enfants, en particulier des enfants de couleur comme ses filles. Lorsqu’on la questionne sur sa passion pour la création d’histoires plus diversifiées, John se souvient d’un moment dans l’un des endroits les plus diversifiés au monde sur le plan racial : New York. Alors qu’elle était avec l’une de ses filles, John a vu une famille juive orthodoxe, une famille musulmane et une famille blanche dans la rue. Le jeune garçon blanc a levé la tête et a demandé à sa mère ce que portait l’une des femmes. En guise de réponse, la mère a fait taire son fils, semblant craindre que sa question ne soit audible par celles et ceux dont la garde-robe avait éveillé sa curiosité.
John se souvient avec chagrin de l’occasion perdue pour ce jeune garçon et des enfants comme lui d’apprendre et de se pencher sur les différences qui rendent notre société plus vivante et plus belle. « Cela m’a fait me demander : pourquoi n’y a-t-il pas de livres plus diversifiés? », relate John. Aujourd’hui, sa maison d’édition présente ses filles et d’autres personnages diversifiés qui peuvent aider les parents à tirer parti de la tendance naturelle de leurs enfants à explorer et à exprimer leur curiosité.
À travers les livres, John espère fournir à la prochaine génération les compétences et les outils nécessaires pour célébrer la diversité dans sa forme la plus authentique. Elle y voit un moyen de s’éloigner des récits polarisés et racistes actuels pour célébrer et accepter les différences avec fierté et empathie.
Tirer des leçons des STIM
Comme le suggère le processus de conception technique, Lauren Simone Publishing adopte une approche itérative pour identifier les problèmes et les solutions. Alors qu’elle faisait des recherches sur la compréhension de l’ingénierie par les enfants d’âge préscolaire à l’aide de la littératie, John a remarqué un déséquilibre dans les personnages de livres. Le manque de représentation des personnes de couleur dans les livres pour enfants est flagrant pour John et l’attriste personnellement.
Selon le Cooperative Children’s Book Center [en anglais] (centre coopératif des livres pour enfants), seulement 12 % des livres pour enfants représentent des personnages noirs, et moins de 8 % sont écrits par des auteurs ou autrices noir.e.s ou africain.e.s. Dans le quartier de John, les Noir.e.s représentent pourtant 24 % de la population totale. Plus tard, elle a découvert que l’industrie de l’édition manquait également de représentation et qu’environ 80 % des éditrices sont des femmes hétérosexuelles, blanches et non handicapées. Il s’agit d’un terrain familier pour John, l’une des trois seules femmes noires professeures à son travail.
Avec Lauren Simone Publishing et inspirée par la citation de Rudine Simms Bishop, John espère que les auteurs et autrices avec lesquel.le.s elle travaille aideront à créer « des miroirs, des fenêtres et des portes » qui permettent à chaque enfant de se voir dans les autres de manière surprenante et inattendue. « Les gens doivent se rendre compte que les livres diversifiés ne sont pas seulement destinés aux enfants issu.e.s de la diversité, car tout le monde est un.e enfant diversifié.e », soutient-elle.
Une entreprise mère-filles
Dans le cadre de l’exploitation de Lauren Simone Publishing, John travaille aux côtés de ses filles qui l’ont poussée à poursuivre une représentation plus diversifiée dans les livres et sont devenues ses partenaires commerciales. Son mari est leur plus grand allié.
Depuis le début de l’entreprise jusqu’à son processus actuel de certification B Corp dans le cadre du programme Level, Lauren Simone Publishing a grandi et mûri avec les filles de John. Elles acquièrent des compétences en affaires tout en soutenant John, et voient comment leur mère brise les barrières en faisant partie de la solution aux problèmes qu’elles rencontrent tous les jours en tant que personnes de couleur.
Au cœur du travail de John se trouve la volonté de faire une différence dans sa communauté de manière mesurable en tant que militante, éditrice et autrice.
« Je veux laisser un héritage plus important », explique-t-elle. « Souvent, quand nous sommes enfants, on nous dit qu’il faut devenir médecin ou avocat.e pour réussir, mais je veux aussi être connue comme une philanthrope – comme quelqu’un qui a littéralement rendu sa communauté meilleure. »
Ce bénéfice communautaire est intégré dans l’entreprise de Lauren Simone Publishing, qui fait don de livres et d’un pourcentage des ventes de livres à des organisations communautaires, des écoles et des services dans le besoin.
Avec une entreprise ancrée dans les dons communautaires – qu’il s’agisse de dons de services en nature, en argent ou en temps – John voulait valider ces valeurs au cours du processus de certification B Corp. En travaillant avec des partenaires et d’autres membres de la communauté B Corp, elle a clarifié la mission et la vision de sa maison d’édition. À l’avenir, John espère s’appuyer sur ce réseau et avoir un impact supplémentaire pour remettre en question les normes éditoriales traditionnelles et le manque de représentation, et encourager les générations futures à partager leurs histoires.
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