Satya Organics s’est développée depuis ses débuts dans la cuisine de Patrice Mousseau avant de se retrouver sur les étagères de centaines de magasins à travers le Canada.
Mousseau a vu le potentiel du baume au-delà de sa cuisine de Vancouver pour aider les 15 % d’adultes et plus de 20 % d’enfants atteint.e.s d’eczéma. « Satya se développe et construit une marque internationale pour s’attaquer à un problème mondial », soutient-elle. Aujourd’hui, les produits Satya Organics [en anglais] sont disponibles dans des centaines de magasins à travers le Canada. Ils sont récemment devenus disponibles en ligne pour les client.e.s des États-Unis [en anglais] et sont exportés vers Hong Kong.
Pour Mousseau, l’impact social et environnemental positif de l’entreprise est tout aussi important que le succès du produit. « Mon héritage pour l’entreprise est de montrer aux autres entreprises qu’elles peuvent avoir des normes élevées », explique-t-elle. En plus d’obtenir la certification B Corp par le biais du programme Level, Satya Organics possède la certification Leaping Bunny pour les produits qui ne sont pas testés sur les animaux. D’autres vérifications par des tiers incluent la neutralité en plastique de Plastic Bank et la neutralité carbone avec la forêt pluviale de Great Bear. « Tous nos emballages sont compostables, recyclables ou rechargeables, et nous avons des échantillons sans plastique », rapporte-t-elle.
Dès le début de Satya Organics, Mousseau a donné la priorité à l’impact positif et a déclaré que davantage d’entreprises devraient faire de même. « J’ai une très petite entreprise. Je l’exploite de la maison, en quelque sorte. Et si je suis en mesure d’obtenir la certification B Corp et de faire tout ce que je fais avec l’emballage, les innovations et les initiatives, n’importe quelle entreprise devrait être en mesure de le faire. Elles doivent intensifier leurs efforts. »
Elle espère également que Satya Organics aura un impact positif pour les générations futures, y compris pour sa fille Esme, qui est l’inspiration de son entreprise. « Parce qu’elle voit sa mère faire ces choses, cela a tellement d’importance pour moi – qu’elle ne se sente pas limitée dans ses possibilités et qu’elle soit audacieuse dans ses conversations avec les autres, les garçons dans la cour d’école, et les hommes en vieillissant », dit Mousseau. « Elle ne se sentira jamais limitée par son sexe. C’est pour qu’elle se sente puissante. »
La gamme Satya Organics s’est élargie de son baume d’origine pour inclure une variété de produits de soins de la peau.
Dans la section entrevue qui suit, Mousseau nous en dit davantage sur son parcours d’entrepreneure, l’importance de devenir une B Corp et la façon de soutenir sa communauté.
Nous voulons d’abord reconnaître les répercussions des récents feux de forêt au Canada. Pouvez-vous nous parler un peu de ce qui se passe dans les communautés avec lesquelles vous interagissez et si, et comment, les gens peuvent aider?
Mousseau : Cela a commencé il y a des mois, au début de la saison des feux de forêt. Nous avons organisé une collecte de fonds pour la Première Nation K’atl’odeeche, avec des produits donnés par des entreprises autochtones et non autochtones comme prix pour les donateurs et donatrices. Pour les Territoires du Nord-Ouest à l’heure actuelle, c’est un désastre, et nous attendons de voir où nous allons pouvoir aider. Parce que le problème est devenu beaucoup plus important que le début de la saison des feux de forêt. En fait, la femme avec qui je coordonnais cette activité, qui vivait dans une communauté voisine, a également été évacuée. Nous découvrirons où nous pouvons le mieux servir, puis nous informerons les gens s’il existe un moyen de soutenir ces communautés à l’avenir.
Satya Organics a été lancée parce que votre fille souffrait d’eczéma. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et des obstacles que vous pourriez rencontrer en tant qu’entrepreneure autochtone?
J’ai commencé sans même avoir d’entreprise. Je n’ai pas d’expérience dans le monde des affaires, mais dans le journalisme audiovisuel, la radio et la télévision. J’étais une mère célibataire et je n’avais aucun actif sur lequel emprunter. Qui me prêterait de l’argent, n’est-ce pas? Je n’avais aucune garantie. Sans parler du fait qu’être une femme de couleur, une femme autochtone, ne fait pas exactement de moi le genre de personne vers qui les gens se précipitent pour prêter de l’argent de toute façon.
Grâce à certains groupes et organisations, j’ai pu accéder à de petites subventions pour commencer. J’ai utilisé ma première subvention pour acheter une plus grande mijoteuse afin de pouvoir produire davantage. Quand j’ai commencé, je travaillais le soir, après avoir couché ma fille. Ensuite, j’ai pu accéder à d’autres programmes et à d’autres subventions. Il suffit de trouver un moyen, et cela a beaucoup à voir avec la communauté. Je n’aurais jamais pu réussir sans faire partie de la communauté, simplement en raison du soutien qu’elle m’a apporté.
Les gens parlent toujours du réseau des vieux garçons et de la façon dont cela leur facilite les choses, ce qui est absolument le cas. Mais nous avons la capacité de construire nos propres réseaux par le biais de la communauté et de nous soutenir les un.e.s les autres, car c’est un chemin très solitaire. Vous ne pouvez pas le faire sans communauté.
Vous avez beaucoup d’engagements au sein et au-delà de Satya Organics. Qu’est-ce qui vous a poussée à consacrer des ressources au processus pour devenir une B Corp?
Je voulais devenir une B Corp depuis des années. En fait, nous avons essayé d’obtenir notre certification B Corp en embauchant un étudiant, en essayant de le faire nous-mêmes, et c’était tout simplement trop difficile. Sans le programme Level [en anglais] et sans l’emploi d’une conseillère pour nous aider à passer par ce processus, il n’y avait aucune chance que cela se produise.
J’ai des amis qui ont des entreprises que j’admire et qui sont certifiées B Corp. Et j’ai toujours voulu, comme je l’ai toujours dit, me développer pour devenir une B Corp. Et nous sommes enfin en train de faire ce processus, ce qui est incroyable. Je suis tellement heureuse que ce programme existe, car la réalité est que si vous ne le rendez pas accessible aux personnes de couleur et aux peuples autochtones, vous aurez une communauté B Corp très monochrome.
De plus, dans les faits, la communauté B Corp a beaucoup à apprendre de nous. Redonner et être responsable envers tout le monde au-delà de nous-mêmes est intrinsèquement ancré dans ce que nous sommes, notre communauté, notre planète et nos familles. Ce sont des choses auxquelles nous pensons et des domaines où les B Corp ont des lacunes. Et nous allons être en mesure de leur montrer ces lacunes et de les aider à les combler. Je ne veux pas dire simplement que nous nous présentons et disons : « Oh, regardez, nous faisons cela ainsi! ». Non, nous allons en fait améliorer vos systèmes.
En apprenant davantage sur votre travail quotidien, j’imagine que l’évaluation B Impact a réaffirmé une grande partie de ce que vous faites déjà. Est-ce le cas? Quel héritage voulez-vous laisser derrière vous?
Il y a des choses que nous n’avons jamais suivies, et beaucoup de ce que nous faisons. Le processus a donc été formidable en mettant l’accent sur ce que nous faisions déjà. De plus, il y avait des choses que nous n’avions jamais officialisées, comme nos politiques du personnel. C’était donc bien de le préciser. Nous faisions déjà tout ce dont nous avions besoin pour obtenir la certification, mais c’était un excellent processus pour plus de clarté. Je suis très fière que nous puissions dire que nous avons notre certification B Corp. C’est une norme d’or, et cela aide les gens à comprendre ce que nous faisons.
…
B The Change rassemble et partage les voix de l’intérieur du mouvement des personnes qui utilisent les entreprises comme force pour le bien, et de la communauté des entreprises certifiées B . Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de l’organisation à but non lucratif B Lab.