Suma Wealth aide à combler l’écart de richesse raciale en se concentrant sur les jeunes

Victoria E. Gillison

Par Marisa Franco et Victoria Gillison

Cet article fait partie d’une série sur les dirigeantes d’entreprises participant au programme Level [en anglais], qui en est à sa troisième année. Grâce au programme Level, le B Lab États-Unis et Canada vise à soutenir et à établir des partenariats avec des cheffes d’entreprises qui s’identifient comme des femmes de couleur afin d’amplifier leur portée économique et leur impact communautaire.

La pandémie de COVID-19 a touché tout le monde, mais ses impacts n’ont pas été ressentis de la même manière par tous et toutes. Des études indiquent que les communautés de couleur ont subi des pertes économiques plus importantes en raison de la pandémie [en anglais]. Cette inégalité a poussé la présidente-directrice générale Beatriz Acevedo ainsi que la cofondatrice et le cofondateur Mary Hernandez et Xavier Gutierrez à lancer Suma Wealth [en anglais], une entreprise de technologie financière qui favorise l’éducation financière dans la communauté latino-américaine.

Comme le dit Acevedo, il ne s’agit pas d’une entreprise axée sur le produit, mais d’une entreprise axée sur la communauté. Depuis la création de Suma en 2020, Acevedo souhaitait que l’entreprise « soit très intentionnelle en développant d’abord la communauté, en instaurant la confiance, puis en écoutant quels étaient les besoins de la communauté. » Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle « développerait le produit en se basant exactement sur ce que notre communauté nous disait ». Le résultat a été une application et un programme de certification qui se concentrent sur la littératie financière chez les jeunes Latino-Américain.e.s.

Cet objectif a été choisi en raison de l’effet multiplicateur de la jeunesse latino-américaine; les données montrent qu’un utilisateur ou une utilisatrice de Suma gère généralement les finances de jusqu’à trois membres de sa famille. « Nos communautés sont tellement mal desservies à bien des égards. La génération Z a beaucoup d’influence. Ces jeunes sont des explorateurs et exploratrices dans leurs familles et leurs communautés; ils et elles ont dû transmettre, au sens propre comme au figuré, l’éthique américaine aux membres plus âgé.e.s de leur famille. Par conséquent, lorsque vous les ciblez pour les aider de manière exceptionnelle, vous soutenez vraiment toute la communauté », explique Acevedo.

Une plateforme numérique pour aider à créer et à maintenir un patrimoine

Suma est plus qu’une simple application. Sa plateforme numérique est conçue pour apprendre à la communauté latino-américaine à créer et à maintenir la richesse d’une manière culturellement pertinente. Le programme Dinero Bootcamp aborde l’épargne, l’investissement et la création de richesse, et accorde aux diplômé.e.s une certification en finances personnelles soutenue par l’Université d’État de l’Arizona. Une participante, Jennifer Nazarios [en anglais], affirme que le programme Dinero Bootcamp lui a donné la confiance nécessaire pour dépenser de l’argent pour elle-même et atteindre l’indépendance financière. Sa confiance retrouvée a remplacé la culpabilité et la honte qu’elle ressentait auparavant à l’égard des conversations sur l’argent. En utilisant les leçons du programme Dinero Bootcamp, Jennifer et sa sœur [en anglais] ont relevé les défis et, trois ans plus tard, ont pu acheter une maison qui a permis à sa famille de quitter le studio qu’elles partageaient depuis 25 ans.

Suma est plus qu’une simple application. Sa plateforme numérique est conçue pour apprendre à la communauté latino-américaine à créer et à maintenir la richesse d’une manière culturellement pertinente.

Suma est en voie d’obtenir la certification B Corp, une étape importante qui, selon Acevedo, pourra l’autonomiser. Les B Corp sont des entreprises qui font preuve d’une performance sociale et environnementale élevée et s’engagent envers toutes les parties prenantes, et pas seulement les actionnaires. En tant que membre de la communauté B Corp, Suma peut aider à remodeler l’économie traditionnelle pour qu’elle soit plus juste, équitable et régénératrice pour les générations futures. Dans l’esprit d’Acevedo, ce n’est pas la seule partie du capitalisme qui doit être imaginée à neuf.

« Quand il s’agit d’argent et de capital, il apparaît très clairement quelles communautés n’y ont pas eu accès. Et pour moi, l’accès commence par l’éducation », explique-t-elle. « La première chose à réinventer, c’est l’éducation. C’est pourquoi nous y accordons tellement d’importance chez Suma. Tout commence par une éducation amusante, facile à comprendre et qui s’appuie fortement sur la culture populaire. »

Le résultat a été extrêmement positif : Suma compte plus de 800 000 utilisateurs et utilisatrices dans la communauté, dont 80 % ont de 18 à 42 ans (générations Y et Z), et dont 74 % possèdent leur propre entreprise ou souhaitent la créer.

Bien que la certification B Corp soit un « insigne d’honneur », selon Acevedo, elle n’était pas sûre de pouvoir l’obtenir. « Je ne l’avais pas fait parce que j’avais entendu dire que le processus était long et coûteux. En tant que petite entreprise en démarrage, vous n’avez qu’un temps limité dans la journée. » Le programme Level [en anglais] a toutefois contribué à rendre cela possible. Acevedo a entendu parler du programme Level au cours d’un discours lors d’un événement de la Beneficial State Bank à Philadelphie l’année dernière, et voulait soumettre sa candidature depuis ce moment. « Quand j’ai entendu parler du programme, je me suis dit : “Oh mon Dieu, je vais remplir le formulaire de demande et voir si je suis choisie.” J’étais donc très excitée quand j’ai été acceptée. »

Level propose aux entreprises dirigées par des personnes noires, autochtones ou de couleur qui s’identifient également comme des femmes de travailler aux côtés de cabinets de conseil en certification B Corp pendant qu’elles suivent le processus de certification. Le programme leur donne les ressources nécessaires pour mesurer et améliorer leur impact, raconter leurs histoires, et adopter une structure de gouvernance des parties prenantes.

Après avoir fait partie du processus, Acevedo dit qu’elle voit les autres B Corp différemment. « Je vois qu’il s’agit d’entreprises B Corp, et cela me donne envie de les soutenir davantage. Parce que je sais qu’il ne s’agit pas seulement de dire que vous faites le bien dans le monde. Et il ne s’agit pas seulement de dire que vous êtes une entreprise à double ou triple résultat, mais il y a de véritables mesures derrière tout cela. Il y a une réelle responsabilité derrière le fait d’obtenir cette certification, ce sceau d’approbation démontrant que vous faites le travail difficile. »

En ce qui concerne l’avenir de Suma, Acevedo espère aider davantage de jeunes Latino-Américain.e.s, et les jeunes en général, à obtenir l’éducation financière dont ils et elles ont besoin pour se sentir autonomes. « J’aimerais voir que tou.te.s les enfants de notre communauté, au niveau secondaire, connaissent l’importance de l’éducation financière. Faisons en sorte que tou.te.s les enfants du secondaire en Californie, puis dans d’autres États des États-Unis, puissent participer aux camps d’entraînement que nous avons, parce qu’ils sont gratuits et qu’ils comprennent que le programme est utile. »

Acevedo espère que cela aidera à créer plus d’histoires comme celle de Jennifer. « Il ne faut pas grand-chose. [Jennifer] a vu une vidéo sur Instagram qui l’a incitée à passer à l’étape suivante, puis à la prochaine étape, et deux ans plus tard, elle est maintenant propriétaire d’une maison. C’est incroyable. »

B The Change rassemble et partage les voix de l’intérieur du mouvement des personnes qui utilisent les entreprises comme force pour le bien, et de la communauté des entreprises certifiées B. Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de l’organisation à but non lucratif B Lab.

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