Que signifie la semaine de quatre jours pour les collaborateurs et les collaboratrices?

Parfaire l’efficacité et élargir la place réservée au bien-être

La communauté des entreprises certifiées B est constituée de sociétés qui mettent à l’essai de nouveaux modes de travail dans le but de créer une économie fonctionnant mieux pour tout le monde. Les B Corp et leurs partenaires réinventent la façon de faire des affaires en innovant en matière de politiques, de produits et de processus.

Le B Lab États-Unis et Canada, l’organisme sans but lucratif qui chapeaute la certification B Corp et qui est également membre du réseau B Lab Global, compte parmi ces organisations avant-gardistes. Le B Lab a officiellement adopté la semaine de travail de quatre jours [en anglais] en avril 2024, après une période d’essai initiale lancée en 2023. Le modèle de la semaine de travail de quatre jours [en anglais] commence à être reconnu comme un cadre permettant d’améliorer la conciliation travail-vie personnelle, avec notamment des avantages tels qu’une augmentation de l’efficacité, un renforcement de l’engagement des employé.e.s et une amélioration de leur bien-être.

Toutefois, une transition vers une semaine de quatre jours nécessite bien plus qu’un changement d’horaires. Les entreprises doivent repenser leurs routines quotidiennes et envisager sous un nouvel angle leurs tâches et leurs priorités afin d’aider leurs collaborateurs et leurs collaboratrices à optimiser leur temps, au travail et en dehors, tout en s’occupant des activités essentielles. Il s’agit d’un processus qui requiert de la flexibilité et de la communication. 

B The Change a consulté les membres de l’équipe du B Lab États-Unis et Canada pour connaitre leurs points de vue sur la manière dont la semaine de travail de quatre jours a changé leur quotidien au travail et leur vie personnelle. Les collaborateurs et les collaboratrices ont également offert des conseils et des idées pour les entreprises qui envisagent d’effectuer la transition. 

Quels changements avez-vous remarqués dans vos habitudes de travail et dans votre quotidien professionnel en raison de la structure de la semaine de quatre jours?

Au sein de l’équipe du B Lab États-Unis et Canada, le sentiment global des membres est que la semaine de quatre jours les a aidé.e.s à se concentrer sur les tâches prioritaires afin d’optimiser leur temps de travail. La nouvelle structure les a également incité.e.s à évaluer de nouveau la question des réunions, notamment la durée, la fréquence et le nombre de personnes devant y assister. 

« J’ai l’impression que mes journées de travail sont mieux structurées et plus productives, avec moins de “temps morts” entre les réunions et les tâches à accomplir. Je commence mes journées un peu plus tôt et je finis éventuellement de travailler plus tard qu’avant la semaine de quatre jours, mais je me sens mieux grâce à cette routine. Je planifie également mes réunions d’une manière plus intentionnelle. »

« Je relègue au second plan avec plus d’assurance les flux de travail qui ne sont pas au cœur de mes responsabilités professionnelles. Je suis également plus intentionnelle en ce qui concerne le travail que je délègue aux autres ou les réunions auxquelles je leur demande de participer. Par ailleurs, je ressens moins de pression pour mes tâches personnelles, car je sais que j’ai le temps de m’en occuper les vendredis. »

« J’encourage, moi-même et les autres, à mettre en priorité les tâches urgentes et opportunes. Ceci implique également de prendre des décisions et de communiquer en temps opportun, à l’interne comme à l’externe. Cependant, je souhaite clarifier que ce mode de travail ne crée pas l’illusion de fausses urgences ni n’a entrainé un changement d’état d’esprit résultant en une certaine précipitation dans l’accomplissement des tâches. »

« Avec la semaine de quatre jours, j’ai remarqué que je me concentre davantage au travail. Le fait d’avoir une semaine raccourcie m’a obligé à réduire le temps gaspillé et à mettre davantage l’accent sur ce qui doit être accompli. »

« J’ai observé des changements réfléchis dans le rythme des réunions, ce qui permet d’obtenir le répit nécessaire pour une semaine de travail de quatre jours. De plus, lors des rares périodes où j’ai plus de travail que ce qui peut être accompli en quatre jours, c’est agréable d’avoir les vendredis comme des vraies journées de calme, sans les petites requêtes du quotidien qui peuvent vous distraire. »

Quels ont été les effets de cette nouvelle structure de travail sur votre bien-être?

Même si un nombre réduit d’heures de travail nécessite davantage de concentration, les heures supplémentaires gagnées en dehors du travail offrent une certaine flexibilité dans l’emploi du temps. Les collaborateurs et les collaboratrices du B Lab États-Unis et Canada ont déclaré avoir davantage de temps pour être actifs et actives, ou profiter de leurs familles et de leurs ami.e.s. 

« L’effet sur mon bien-être a été considérable. Je me sens plus en phase avec moi-même et j’ai l’impression d’avoir davantage de contrôle sur mon temps et ma vie. »

« Je ressens un certain équilibre, avec davantage de stress au cours des quatre jours de travail en raison de la semaine condensée, mais aussi avec davantage d’espace pour ma vie non professionnelle au cours de la fin de semaine, ce qui me permet de me reposer et de me revitaliser. Je ressens moins la fatigue pendant la semaine de travail, car j’ai suffisamment de temps pour recharger mes batteries. »

« La semaine de quatre jours a représenté un changement positif pour mon bien-être à bien des égards. Je peux avoir une journée rien que pour moi, qui n’est dédiée ni au travail ni aux enfants. Je l’utilise bien sûr pour faire des tâches domestiques ou des courses, mais je peux aussi partir en randonnée. Il s’agit d’une journée sans programme qui est bien nécessaire. »

« J’ai passé la plus grande partie des six premiers mois de notre projet pilote de la semaine de quatre jours à dormir. Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais fatigué et je me suis autorisé à ne pas faire grand-chose, voire rien, pendant ces vendredis de congé. Je n’ai plus besoin de dormir toute la journée les vendredis, mais l’option est toujours là, ce qui n’a pas de prix. »

« J’ai constaté que ma perception du travail avait évolué d’un état de “stress au sujet des tâches qui ne sont pas accomplies” à une attitude qui se traduit plus par “il y aura toujours du travail et il ne sera jamais complètement terminé, donc ne t’en fais pas trop”, ce qui est probablement plus sain. »

« J’ai davantage de temps et d’espace pour réfléchir à des idées, créer et imaginer. J’occupe un rôle plus créatif au sein de l’organisation. Alors, j’utilise ce temps pour stimuler mes processus créatifs et trouver l’inspiration. »

Que faites-vous généralement lors de votre jour de congé « supplémentaire »?

Le fait d’avoir une fin de semaine de trois jours offre aux membres de l’équipe du B Lab États-Unis et Canada l’espace et le temps d’effectuer leurs courses et leurs tâches domestiques, de s’occuper de leurs proches et de partir en escapade. 

« Je m’occupe de ma fille qui ne va pas à la garderie les vendredis, ce qui permet à ma famille d’économiser 160 $ par semaine en service de garde. »

« Les tâches domestiques, les courses, ainsi que des séances d’entraînement plus longues en milieu de journée. Je m’occupe en gros des choses dites “responsables”, ce qui me permet de passer le restant de la fin de semaine avec mes ami.e.s, mon partenaire ou de partir en escapade en solitaire. »

« Je pratique généralement l’escalade en plein air, dans des zones escarpées qui sont moins occupées pendant la semaine. Ce jour supplémentaire me permet également de partir en escapades de fins de semaine plus longues, en camping ou pour des mariages. »

« Ma partenaire est aussi en congé pendant mon jour de repos supplémentaire. Nous ne nous voyons généralement que deux jours par semaine. Ce jour “supplémentaire” nous permet de passer du temps de qualité ensemble, ce qui est formidable et précieux à nos yeux. J’en profite également pour dormir. Étant donné que je souffre de troubles du sommeil, ce temps supplémentaire est essentiel pour ma santé et mon mieux-être. »

« Je suis un parent seul avec un enfant en bas âge. Sans la structure de la semaine de travail de quatre jours, je n’aurais jamais de temps pour moi. Grâce à ce modèle, je peux passer du temps dans mon jardin, faire de l’exercice, magasiner seul, et même me rendre au spa une fois de temps en temps. »

« Je consacre mes vendredis à ma vie administrative! Je mets à profit cette journée pour planifier la semaine à venir et me donner les moyens de la réussir, aller à l’épicerie, appeler ma mère et prendre mes rendez-vous. Une fois ces tâches terminées, je peux me rendre de bonne heure dans les montagnes et pratiquer certains de mes nouveaux loisirs, comme le vélo de montagne, le yoga et la course. Avant, je ne pouvais pas faire tout ça! Je travaille parfois pour régler des détails mais je ne ressens aucun sentiment négatif à ce propos. »

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite proposer à son entreprise de faire un essai de la semaine de travail de quatre jours?

D’après les membres de l’équipe du B Lab États-Unis et Canada, la communication et la transparence sont des outils essentiels pour toutes les parties prenantes impliquées. Le fait de garder en tête l’objectif ultime du changement, soit le bien-être des employé.e.s et de l’organisation, permet de faciliter la transition. 

« Mettez de l’avant le rendement de l’investissement : il s’agit de conclure une affaire après tout. Présentez les économies de coût spectaculaires qui découlent d’une augmentation remarquable de la rétention des employé.e.s. Élaborez un plan pour organiser des réunions moins fréquentes, mais plus efficaces. Faites preuve d’ouverture quant à un horaire flexible pendant les périodes de travail plus occupées. »

« Je pense qu’il est utile de discuter de l’efficacité à cet égard. Lorsque nous avons commencé le projet pilote, nous avons réalisé que nous avions un trop grand nombre de réunions et de flux de travail non pertinents, qui n’étaient pas directement liés à nos objectifs organisationnels. Nous avons établi la structure de la semaine de travail de quatre jours comme un moyen pour lutter contre cela, et les résultats se sont révélés positifs. Parce que, lorsqu’on a l’occasion de maximiser son temps libre, on se penche sérieusement sur la question de savoir quels flux de travail on peut reléguer au second plan tout en maintenant l’efficacité de l’organisation. »

« Cela prend du courage et de l’audace pour changer la norme. Un rappel pour vous et votre entreprise lorsqu’elle envisagera de mener un essai, c’est qu’il s’agit d’une pratique importante liée à l’état d’esprit, afin d’aider à ancrer tout le monde et vous-même dans la réalité du travail à accomplir, et vraiment dans une nouvelle réalité de façon globale. »

« Fixez certains objectifs mesurables. L’équipe responsable de la semaine de quatre jours au B Lab États-Unis et Canada a créé un sondage pour évaluer l’état du bien-être et de la productivité des employé.e.s au travail. Il a été mené auprès des membres de l’équipe avant l’essai, et de nouveau après. Je crois que ce sondage a été vraiment utile pour prouver la réussite de la période d’essai. »

« Les journées sembleront plus occupées, et c’est normal. Veillez à ce que les gens sachent que vous n’êtes PAS censé.e travailler le cinquième jour. Cependant, si vous le devez ou si vous le souhaitez, il s’agit de votre choix. Effectuez un effort concerté pour réduire le temps de réunion avant la mise en œuvre de la phase d’essai. Les projets seront réalisés plus lentement; il faut s’y préparer et aussi se rappeler qu’il s’agit d’un nouveau rythme de travail. »

« Concentrez-vous sur les raisons de l’importance de cette transition sur le plan du travail, mais aussi sur celui de votre santé mentale sur le long terme. Envisagez-la comme une compression de cinq jours de travail en quatre. Techniquement, vous ne perdez aucune journée. Vous apprenez simplement à devenir plus efficace dans votre gestion du temps. »