Créer des entreprises régénératrices en autonomisant les chaînes d’approvisionnement

Les B Corp collaborent avec les exploitant.e.s agricoles pour stimuler un impact social et environnemental à l’échelle mondiale

Chez Cooperative Coffees [en anglais], un modèle d’entreprise régénératrice correspond à un système de copropriété comprenant 23 entreprises de torréfaction américaines et canadiennes qui importent du café biologique provenant du commerce équitable et produit par de petites exploitations agricoles.  

Pour la B Corp The FruitGuys [en anglais], il s’agit de créer un réseau des petites fermes qui adoptent des stratégies agricoles favorables pour le climat à travers les États-Unis. 

Et chez Gallant International [en anglais], cela inclut aider plus de 700 fermes de coton à obtenir la certification Regenerative Organic Certified (certification de pratiques biologiques et régénératrices). 

Ces trois entreprises certifiées B incarnent des exemples de la manière dont les entreprises peuvent soutenir les agricultrices et les agriculteurs dans l’adoption de pratiques régénératrices pour améliorer la santé des sols et créer des communautés plus résilientes. Ces B Corp montrent également comment les petites entreprises peuvent utiliser les affaires pour le bien social et environnemental dans des industries mondiales où les prix volatiles, les bas salaires et les pratiques extractives sont monnaie courante. 

Les dirigeant.e.s de ces trois B Corp ont présenté des informations sur leurs stratégies visant à développer des pratiques régénératrices et à créer des entreprises à impact positif lors d’un atelier pendant la retraite des champion.ne.s 2022 [en anglais]. Ce rassemblement de B Corp américaines et canadiennes et de partenaires propose des discussions et des activités qui favorisent l’échange de pratiques exemplaires et la création de relations entre entreprises pour stimuler un impact collectif plus important. 

Les exemples suivants, extraits des faits saillants de l’atelier, ne constituent que quelques-unes des méthodes employées par les B Corp en vue de tisser des liens forts avec leurs partenaires et de créer des chaînes d’approvisionnement résilientes qui sont bénéfiques aux personnes et à la planète. 

Une coopérative qui fournit des ressources pour soutenir les fermes productrices de café régénératrices

Melissa Wilson Becerril, gestionnaire d’impact chez Cooperative Coffees, affirme que certains secteurs de l’industrie du café ont quelques longueurs d’avance en matière de pratiques écoresponsables. Le mouvement du commerce équitable et les techniques biologiques sont ancrés dans l’industrie du café, et les plus petites brûleries donnent souvent la priorité à des relations fortes avec les cultivatrices et les cultivateurs. 

Cooperative Coffees compte 11 B Corp membres et considèrent ses partenariats avec les productrices et producteurs de café comme une manière de contribuer à améliorer leurs moyens de subsistance et de créer des communautés prospères.

« Il ne s’agit pas tellement de leur apprendre ce qu’il faut faire… mais plutôt de les écouter et de les outiller en leur fournissant des ressources et des accès afin de pouvoir élargir l’excellent travail que ces personnes effectuent déjà », a expliqué Becerril. « Nous souhaitons faire de la culture du café une activité économique viable pour ces exploitations et leurs terres. » 

Cette stratégie comprend un fonds à vocation sociale lancé par Cooperative Coffees après une épidémie fongique dans les plantations de café. Un sous-produit du changement climatique, d’après Becerril. Ce fonds aide les cultivatrices et les cultivateurs à combler les pertes en cas de baisse de la production et à soutenir l’adoption de mesures d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique. 

« Étant donné que le plus grand indicateur de notre succès dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement est la durée de nos relations, ceci signifie aussi que nous partageons les risques lorsqu’ils apparaissent », a continué Becerril. « Une grande partie des tâches effectuées par les productrices et les producteurs n’est pas compensée monétairement. Nous avons lancé ce fonds pour pouvoir reconnaître financièrement le travail réalisé par ces personnes chaque année au bénéfice de l’environnement. »

Cette approche inclut notamment une aide apportée aux cultivatrices et aux cultivateurs de café en collaboration avec la coopérative COMSA [en espagnol] au Honduras, fondée il y a plus de deux décennies. Fredy Alexander Pérez Zelaya, responsable de l’assistance technique chez COMSA, a expliqué que la coopérative propose des formations sur l’agriculture biologique, ainsi que sur d’autres techniques de production respectueuses de l’environnement. « Nous avons commencé avec six fermes productrices, 600 $ de capital et une grande dose d’enthousiasme », a-t-il déclaré. « Au fil du temps, nous avons pu trouver des allié.e.s dans le commerce équitable et des acheteuses et acheteurs qui partagent notre vision pour la planète. »

COMSA a rencontré des difficultés à ses débuts sur le marché du café biologique et s’est concentrée sur la formation et les certifications de ses fournisseuses et fournisseuses, des atouts qui attirent des partenaires comme Cooperative Coffees. « Nous avons pu grandir sur le plan financier, mais aussi sur le plan personnel, en tant qu’individus », a affirmé Pérez Zelaya. « Nous ne parlons pas seulement d’agriculture régénératrice; nous parlons aussi de commerce régénérateur ».

D’après Pérez Zelaya, les financements de partenaires comme Collective Coffees permettent de soutenir les cultivatrices et les cultivateurs lors de leur transition vers des méthodes régénératrices.

« Au départ, les coûts sont très importants, mais vous devez vous accrocher et passer au travers de cette phase », a-t-il commenté. « Le produit n’est pas la seule chose qui est cultivée. Vous vous “cultivez” aussi et vous récoltez les graines de la vie, de l’éducation et de bien d’autres fruits du travail acharné. » 

Parmi les autres avantages pour COSMA, citons les primes qui ont été utilisées pour réaliser des améliorations dans la communauté, notamment la création d’une école bilingue, d’un hôtel, d’une brûlerie locale et d’activités de gestion des déchets.  

Demander l’avis des exploitant.e.s agricoles afin de mieux soutenir les pratiques régénératrices

La B Corp The FruitGuys utilise un modèle de chaîne d’approvisionnement régionale qui lui permet de se procurer ses boîtes de fruits frais variés directement auprès des cultivatrices et cultivateurs. « Nous avons un réseau qui compte approximativement 200 petites exploitations agricoles à travers les États-Unis, des intendantes de la terre avec qui nous tissons des relations à long terme », a déclaré Sheila Cassani, responsable de l’engagement envers la mission chez The FruitGuys. 

Environ 75 % des cultivatrices et des cultivateurs travaillent avec la B Corp depuis cinq ans ou plus, ce qui aide à renforcer la confiance entre les acheteurs, les acheteuses et les exploitant.e.s agricoles.

« Lorsque les cultivatrices et les cultivateurs disposent d’une viabilité à long terme dans leurs partenariats, elles et ils sont plus susceptibles d’adopter des pratiques régénératrices », a affirmé Cassani. 

Cette relation aide également The FruitGuys à déterminer la meilleur manière de soutenir les productrices et producteurs agricoles. « C’est en entendant leurs difficultés liées à la sécheresses et à l’accès à l’eau que nous avons voulu créer un fonds communautaire », a expliqué Cassani. Le fonds fournit des subventions d’un montant s’élevant de 2 000 $ à 5 000 $ pour des projets d’écosystèmes régénérateurs dans les exploitations agricoles : « où les cultivatrices et les cultivateurs nous disent que cela aura le plus grand impact pour leur exploitation », a continué Cassani. 

Le modèle d’affaires de The FruitGuys vise à élargir l’accès à des aliments sains et à apporter une réponse à l’insécurité alimentaire à l’échelle locale. Cassani a d’ailleurs déclaré que l’entreprise fait don des surplus et des produits visuellement imparfaits à des organismes communautaires. 

Aider les productrices et les producteurs de coton à obtenir leur certification Regenerative Organic Certified

La B Corp Gallant International a travaillé avec plus de 700 exploitant.e.s de cotonneries pour les aider à adopter des pratiques qui sont certifiées Regenerative Organic Certified [en anglais] (ROC, certification de pratiques biologiques et régénératrices). Le fondateur de Gallant International, Vikrant Giri, a affirmé que la transition fait partie du parcours de l’entreprise pour devenir cheffe de file en matière d’écoresponsabilité. « Les personnes ne peuvent pas être en bonne santé sur une planète malade », a-t-il déclaré. 

Gallant International est une entreprise fournisseuse de produits en coton certifié ROC et issu du commerce équitable, notamment des vêtements, des sacs et d’autres accessoires. Giri a expliqué que les trois piliers de ROC l’ont interpellé : des sols sains, un traitement éthique et sans cruauté des animaux, et l’équité pour les exploitant.e.s agricoles et leurs collaboratrices et collaborateurs. Les entreprises à la tête de la Regenerative Organic Alliance ont également suscité son intérêt. En effet, l’alliance a été fondée en 2017 par le Rodale Institute et les B Corp Patagonia et Dr. Bronner’s. « Pourquoi ne pas suivre l’exemple de ces chefs de file en soutenant les cultivatrices, les cultivateurs et leurs employé.e.s dans le monde entier? » a observé Giri.  

Selon Giri, Gallant International incite et encourage les productrices et les producteurs de coton à prendre en considération les avantages plus larges de l’adoption de pratiques certifiées ROC, comme la culture intercalaire. D’après lui, les exploitant.e.s agricoles peuvent contribuer à améliorer la santé des sols et à réduire l’insécurité alimentaire en semant deux ou trois espèces différentes entre chaque cotonnier. Ces nouvelles cultures peuvent également leur apporter un revenu supplémentaire. 

Un grand nombre de cultivatrices et de cultivateurs exploitent seulement quelques acres et ne disposent pas toujours des fonds nécessaires pour effectuer une transition vers des pratiques biologiques. Selon Giri, Gallant les aide en fournissant gratuitement des graines de cotonniers biologiques, en payant les frais de la formation et de la certification ROC, et en s’engageant à acheter le coton cultivé dans leurs champs. « Ces mesures les encouragent, en plus de la motivation suscitée par le fait de cultiver d’autres espèces qui leur permettront de gagner un revenu supplémentaire », a-t-il constaté. De plus, d’après Giri, les cultivatrices et les cultivateurs se rendent compte de la manière dont elles et ils sont en train de renforcer leur résilience face au changement climatique et d’atténuer ses effets sur la planète.