Les B Corp avancent vers la carboneutralité avec le nouveau domaine d’impact de l’action climatique

Le domaine d’impact de l’action climatique dans les nouvelles normes de la certification B Corp est conçu pour aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre au moyen de mesures, d’objectifs et d’actions. Découvrez comment les B Corp Enviro-Stewards et Room & Board réduisent leurs émissions en recherchant des sources d’énergies propres, dont des toits intelligents et des champs de panneaux solaires, et en identifiant des solutions pour diminuer leur consommation d’énergie. 

À mesure que la crise climatique s’accélère, provoquant des phénomènes météorologiques extrêmes et la montée du niveau des océans, la nécessité d’agir augmente. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat projette [en anglais] que le réchauffement climatique entraînera une augmentation de la température moyenne de la surface terrestre de deux degrés Celsius au cours de ce siècle si les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont pas considérablement réduites. 

Les nouvelles normes de la certification B Corp [en anglais] exigent des entreprises qu’elles prennent des mesures significatives dans les sections sociale, environnementale et de gouvernance du domaine d’impact. Le domaine d’impact de l’action climatique [en anglais] dans les nouvelles normes souligne l’importance du rôle que les entreprises jouent pour réduire les émissions de GES et limiter le réchauffement climatique. Ce domaine d’impact impose aux entreprises de : 

• mesurer leurs émissions; 
• définir des objectifs pour réduire leurs émissions;
• mettre en place des plans de transition climatique et contribuer à la réalisation de l’objectif mondial de « zéro émission nette » d’ici 2050.

Parmi les B Corp qui ont déjà pris ces mesures et qui ont réalisé des progrès, citons Enviro-Stewards [en anglais], une société de conseils en ingénierie comptant 18 employé.e.s basée à Elmira, en Ontario, et Room & Board [en anglais], une entreprise de vente au détail de meubles et de décorations détenue entièrement par les employé.e.s, avec 1 050 collaborateurs et collaboratrices travaillant à son siège social à Minneapolis, au Minnesota, ainsi que des magasins et des centres de livraison aux quatre coins des États-Unis. 

Les exemples dont elles font part ci-dessous illustrent certains aspects des exigences du nouveau domaine d’impact de l’action climatique. Toutefois, il faut noter que les exigences de la certification B Corp sont uniques à chaque entreprise en fonction de sa taille, de son emplacement et d’autres facteurs. 

Découvrez les exigences adaptées à votre entreprise sur la plateforme de l’évaluation B Impact. 

Action climatique n° 1 : mesurer les émissions de gaz à effet de serre.

Ce que disent les normes : l’entreprise a consigné un processus pour mesurer ses émissions de GES de portée 1, 2 et 3 tous les ans, et elle divulgue les résultats publiquement. Elle emploie les services d’une tierce partie indépendante pour vérifier son inventaire annuel d’émissions de GES. 

Découvrez des conseils techniques à partir de la page 22 de cette ressource du B Lab [en anglais].

À quoi ressemble cette action chez Enviro-Stewards?

En tant que société de conseils en ingénierie environnementale, Enviro-Stewards aide sa clientèle à réaliser ses objectifs en matière de durabilité de manière rentable, qu’il s’agisse de réaliser zéro émission nette, d’atteindre la neutralité carbone, d’avoir un bilan carbone positif ou de réduire l’utilisation des services publics. Pour ce faire, elle détermine des mesures pratiques et abordables dans le but de réduire la consommation à l’échelle des processus. À l’interne, la B Corp mesure ses émissions de portée 1 et 2 sur la base de sa consommation des services publics. Même si Enviro-Stewards loue un espace de bureau dans un immeuble multi-locataire, son bureau est équipé de compteurs séparés pour le gaz, l’eau et l’électricité. Les membres du personnel utilisent les relevés de ces compteurs pour calculer les émissions de GES associées. Le bureau de la B Corp est également doté d’un mur végétalisé, couvert de plantes (voir la photo en haut de l’article). 

D’après le président d’Enviro-Stewards, Bruce Taylor, l’entreprise a aussi installé des électropinces pour mesurer l’utilisation de l’électricité, du gaz naturel et de l’eau à la minute. Grâce à ces mesures, Enviro-Stewards peut analyser la consommation d’énergie et d’eau afin de cibler des solutions pour la réduire ou l’éliminer.

« Par exemple, Enviro-Stewards consigne les quantités de CO2 éliminées par son mur végétalisé et fait seulement entrer de l’air frais lorsque cela est nécessaire. Ceci nous a permis de réduire nos entrées d’air de 97 % », a‑t‑il affirmé. « Nous avons également ajusté les températures de consigne de la pompe à chaleur afin qu’elle puisse répondre à la plus grande partie de la demande de chauffage. Le système de CVC principal ne doit ainsi fournir du chauffage que lorsque la pompe à chaleur n’en génère pas suffisamment pour atteindre la température de consigne. Étant donné que la pompe à chaleur utilise de l’électricité à la place du gaz naturel, contrairement à l’alimentation du système de CVC, les émissions de GES sont réduites. »

À quoi ressemble cette action chez Room & Board?

Afin de mesurer ses émissions de GES chaque année, Room & Board recueille des données auprès d’une diversité de sources et utilise un outil basé sur Excel pour faire le suivi de ces informations. D’après la directrice de la durabilité, Emily McGarvey, la B Corp obtient des données sur sa consommation de gaz naturel (portée 1) et d’électricité (portée 2) auprès d’une société de services tierce responsable du paiement des factures aux entreprises de services publics. La consommation de carburant de son parc de camions de livraison est intégrée aux mesures des émissions de portée 1 et elle est calculée à partir des achats sur le terrain et des gallons pompés. 

McGarvey a expliqué que la mesure des émissions de portée 3 est un travail en cours chez Room & Board. « Les émissions de portée 3 que nous mesurons et gérons sont présentement limitées, mais elles comprennent celles générées par la logistique des tiers et par les déplacements du personnel. Nous continuerons d’augmenter le nombre de nos mesures de portée 3 au fil du temps. » 

En 2024, Room & Board a installé un champ de panneaux photovoltaïques sur le toit de son siège social à Minneapolis comme source d’énergie propre.

Action climatique n° 2 : définir des objectifs pour réduire les émissions.

Ce que disent les normes : les entreprises devront définir un objectif de carboneutralité avec des buts intermédiaires pour réduire leurs émissions de GES. Ces buts intermédiaires seront actualisés tous les cinq ans en vue d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. 

Découvrez des conseils techniques à partir de la page 38 de cette ressource du B Lab [en anglais].

À quoi ressemble cette action chez Enviro-Stewards?

Enviro-Stewards s’est fixé comme objectif de réduire de 80 % ses émissions de portée 1 et 2 par employé.e dans le cadre de son engagement avec l’entreprise sociale Sustainable Waterloo Region (SWR) [en anglais], un organisme sans but lucratif créé pour aider les entreprises locales et la région à devenir écoresponsables et résilientes sur les plans environnemental et économique. Par l’intermédiaire de l’organisme SWR, la B Corp vérifie et publie officiellement les données relatives à ses émissions.  

Dans le cadre de son engagement avec SWR, les éléments particuliers des objectifs d’Enviro-Stewards sont : 

• réduire les émissions de GES associées aux activités quotidiennes afin de conserver un bilan carbone positif (pour le climat) tout en soutenant les client.e.s dans leurs parcours pour atteindre cette référence, et éviter à la clientèle de produire 500 tonnes d’émissions de GES pour chaque tonne de GES générée par ses activités;
• aider les installations à réduire les pertes dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement en les assistant pour leur éviter au minimum 20 000 tonnes d’émissions de GES par an;
• contribuer à faire évoluer l’opinion publique pour qu’elle se concentre sur la prévention des déchets et l’amélioration de l’efficacité plutôt que sur la gestion des déchets et les sources d’énergie renouvelables.

Le graphique à barres fourni par l’organisme Sustainable Waterloo Region illustre l’évolution des émissions de GES d’Enviro-Stewards par employé.e à temps plein de 2008 à la fin de 2024. Comme indiqué sur le diagramme, l’entreprise a un bilan carbone positif depuis 2018.

L’ensemble des membres de l’équipe d’Enviro-Stewards ont la possibilité de contribuer à orienter les initiatives de l’entreprise en matière de GES lors des réunions régulières du personnel. Par ailleurs, Taylor a mentionné que la B Corp avait créé une équipe écologique (Green Team) pour superviser les initiatives climatiques au bureau visant à réduire les émissions et à assurer le suivi de la production de déchets organiques, solides et recyclables. « Elle organise aussi un défi annuel dans le cadre duquel les collaboratrices et les collaborateurs sont invité.e.s à venir au bureau à vélo et à faire le suivi des kilomètres parcourus dans une feuille de calcul », a‑t‑il expliqué. « Ce document calcule les économies réalisées en matière d’émissions de GES sur la base du nombre de kilomètres saisi. Chaque employé.e peut ainsi constater l’impact environnemental individuel et de groupe découlant du choix de se rendre au bureau à vélo plutôt qu’en voiture. » 

À quoi ressemble cette action chez Room & Board?

Afin de mieux mesurer les progrès de l’entreprise en matière de réduction des émissions, l’équipe de durabilité de Room & Board s’est associée à son conseil d’administration afin de définir un objectif public : réduire de 50 % les émissions de GES de portée 1 et 2 par rapport à sa base de référence de 2019. Selon McGarvey, en 2024, Room & Board a réduit de 27 % ses émissions, en comparaison avec sa base de référence de 2019. « Nous avons aussi fixé officiellement l’objectif de consommer de l’électricité entièrement renouvelable dans nos activités d’ici 2030 », a‑t‑elle mentionné.

En 2022, les équipes des installations et de la durabilité de Room & Board ont recherché des options pour passer à des sources d’électricité renouvelables. Quelques-uns de ces magasins de vente au détail avaient pu se procurer des énergies propres auprès de leurs entreprises locales de services publics. La B Corp a donc identifié et rejoint des programmes d’énergies propres dans les autres régions du pays où il en existait. « Nous avons été en mesure d’augmenter notre consommation d’électricité renouvelable de 20 à 65 % », a affirmé McGarvey. « Cela a constitué un changement significatif qui s’est révélé, de façon surprenante, économique. »

L’initiative en matière d’énergie propre s’inscrit dans le domaine prioritaire d’impact de Room & Board, « meilleur pour la planète », qui englobe également la circularité, les déchets et le transport propre. 

Action climatique n° 3 : mettre en œuvre un plan d’action climatique et démontrer les progrès réalisés.

Ce que disent les normes : les entreprises devront élaborer un plan de transition climatique pour réaliser les objectifs de carboneutralité. Au moment du renouvellement de la certification, les entreprises devront démontrer les progrès réalisés dans le cadre de leur plan de transition climatique.

Découvrez des conseils techniques à partir de la page 72 de cette ressource du B Lab [en anglais].

À quoi ressemble cette action chez Enviro-Stewards?

Les trois objectifs qu’Enviro-Stewards s’est fixé dans le cadre de son partenariat avec SWR lui servent de plan d’action climatique. La B Corp maintient aussi une feuille de calcul qui totalise les impacts environnementaux de ses services, y compris la conservation des eaux et la réduction des émissions.

L’un des changements qui a créé un impact visible et mesurable pour Enviro-Stewards a été l’installation d’un toit bleu intelligent sur l’immeuble de son bureau en mai 2022. Le toit récupère et stocke les eaux de pluie, ce qui réduit les rejets d’eaux pluviales (surverses) et évite de surcharger les canalisations centenaires. Une partie des eaux de pluie collectées est déversée dans une cuve de stockage située dans le bureau. Cette eau est ensuite utilisée pour irriguer le mur végétalisé et pour tirer la chasse d’eau des toilettes, compensant ainsi la consommation d’eau potable. 

D’après Taylor, les économies d’énergie sont l’un des avantages surprenants du toit. « Pendant l’été, l’eau sur le toit s’évapore, ce qui rafraîchit le bâtiment et réduit la pression sur le système de CVC », a‑t‑il commenté. « La diminution de la consommation d’énergie entraîne des réductions d’émissions de GES associées aux économies d’électricité. »

Un toit bleu intelligent chez Enviro-Stewards récupère et stocke les eaux de pluie qui sont en partie utilisées pour compenser la consommation d’eau potable.

Étant donné que le nouveau toit est plus isolant, il contribue également à retenir la chaleur dans l’édifice durant l’hiver. Cela permet de réduire la combustion de gaz naturel nécessaire pour chauffer le bâtiment. D’après les calculs d’Enviro-Stewards, grâce au toit, elle a pu réduire son utilisation de la climatisation de 43 % et du chauffage de 50 %, et sa consommation d’eau de 56 %.  

Taylor a mentionné que c’était gratifiant de partager les progrès environnementaux de l’entreprise avec l’équipe d’Enviro-Stewards. « Le développement le plus réjouissant a été la capacité à mesurer et à quantifier les résultats tangibles de nos initiatives, et à communiquer ces résultats à notre personnel », a‑t‑il affirmé. « Ce partage motive nos collaboratrices et nos collaborateurs à poursuivre leurs efforts et à identifier d’autres stratégies pour réduire davantage nos émissions de GES. »

À quoi ressemble cette action chez Room & Board?

Plusieurs équipes de l’entreprise collaborent en vue de créer un plan d’action climatique pour Room & Board. McGarvey a expliqué que la B Corp participe aussi au défi du département de l’Énergie des États-Unis, le Better Climate Challenge (défi pour un meilleur climat) [en anglais], afin d’être renseignée sur des solutions plus avancées.

L’un des récents ajouts au siège social de Room & Board à Minneapolis représente un grand pas en avant en matière de réduction d’émissions de GES. En effet, le champ de panneaux photovoltaïques installé sur le toit en 2024 est conçu pour produire 120 % de l’énergie consommée sur le site. 

D’après McGarvey, le projet de champ de panneaux solaires a nécessité la collaboration d’équipes de l’ensemble de l’organisation, notamment des services des finances, des installations, de la durabilité, ainsi que l’équipe de direction, chacune ayant apporté son expertise unique pour élaborer le projet. « Le champ est un rappel visible de notre engagement à l’égard de nos efforts en matière de réduction des GES », a‑t‑elle affirmé.

Parmi les prochaines initiatives de l’entreprise se trouve un projet pilote d’installation de pompes à chaleur dans les établissements de Room & Board situés dans des climats froids afin de soutenir l’arrêt de l’utilisation du gaz naturel pour le chauffage. « Nous travaillons également à l’électrification de notre parc de camions de livraison », a‑t‑elle ajouté. « Les camions hybrides font partie de notre parc depuis 2017 et nous explorons des options pour acquérir des camions de livraison entièrement électriques. »

Selon McGarvey, l’identification de solutions pour réduire l’empreinte climatique et leur concrétisation exigent un effort à l’échelle de l’entreprise. « L’équipe de durabilité ne peut pas créer seule l’impact nécessaire. Le fait d’être une B Corp renforce notre engagement et notre aspiration à devenir une cheffe de file en matière de durabilité qui a un impact positif sur les personnes et la planète. »