L’actionnariat salarié, un moyen pour les B Corp d’amplifier leur succès
April 2, 2024
Grâce aux modèles d’actionnariat salarié, les employé.e.s peuvent avoir un intérêt versé dans leur entreprise
« Saviez-vous que 119 000 employé.e.s de B Corp peuvent détenir des parts de leur entreprise? En effet, 26 % des B Corp offrent à leurs collaborateurs et à leurs collaboratrices la possibilité d’acquérir une part des capitaux propres de leur entreprise. »
La transition vers un modèle d’actionnariat salarié constitue un moyen pour les entreprises certifiées B de bâtir des organisations engagées qui valorisent leurs employé.e.s et qui utilisent leur sphère d’influence pour accroître leur impact. Pendant le mois B Corp [en anglais] et tout au long de l’année, elles prennent des mesures avec leurs collaborateurs et leurs collaboratrices pour créer des milieux de travail plus résilients et plus engagés.
Un webinaire récent, organisé par la communauté B Local PDX [en anglais], a présenté les tenants et les aboutissants des transferts de propriété vers des modèles d’actionnariat salarié, les facteurs de préparation, les aspects financiers et certains avantages de ces modèles pour les entreprises. Le webinaire a été animé par la B Corp de l’Oregon, PixelSpoke [en anglais], une société de conception Web et de marketing détenue par ses employé.e.s, et Project Equity [en anglais], un organisme sans but lucratif basé à Oakland qui aide les entreprises à effectuer leur transition vers un actionnariat salarié.
Dona Sky, gestionnaire de l’engagement des entreprises et des partenariats chez Project Equity, a affirmé que l’actionnariat salarié peut bénéficier à toutes les parties prenantes, notamment à l’entreprise, à ses propriétaires et à ses employé.e.s. Parmi les avantages, elle a cité la stimulation de la croissance des activités commerciales, l’augmentation des marges bénéficiaires pour l’entreprise et des salaires pour les employé.e.s, l’accroissement de la valeur nette des ménages et un allongement de l’ancienneté dans l’entreprise. « Nous avons observé que les sociétés détenues par les employé.e.s ont un impact positif sur l’entreprise elle-même, sur les collaborateurs et les collaboratrices, ainsi que pour les propriétaires », a déclaré Sky.
Lutter contre les écarts de richesse raciale
Afin d’aider les B Corp et les autres entreprises à faire avancer l’équité raciale dans leurs activités quotidiennes, le B Lab États-Unis et Canada a créé ce guide. Il comprend des explications sur les iniquités systémiques qui contribuent à creuser l’écart de richesse raciale, des liens vers des ressources, ainsi que des politiques et des pratiques utilisées au sein de la communauté B Corp.
Modèles d’actionnariat salarié et facteurs à prendre en considération
D’après Sky, les entreprises peuvent envisager une transition vers un modèle d’actionnariat salarié pour diverses raisons. Celles-ci peuvent comprendre le désir de renforcer l’entreprise pour attirer et retenir la meilleure équipe ou une stratégie de sortie du capital qui peut aider à préserver les emplois, la culture et l’héritage de l’entreprise.
Il existe plusieurs types de modèles d’actionnariat salarié, dont les plans d’actionnariat des salarié.e.s (ou ESOP), les coopératives de travail et les fiducies collectives d’employé.e.s. Sky a expliqué que les plans d’actionnariat des salarié.e.s (ESOP) sont des régimes de retraite conçus pour des grandes entreprises comptant plus de 40 employé.e.s qui détiennent la totalité ou une partie du capital de l’entreprise pour le compte des employé.e.s. Les coopératives de travail sont entièrement détenues par les « employé.e.s-propriétaires », qui se partagent les bénéfices et élisent le conseil d’administration ou en sont membres. Les fiducies collectives des employé.e.s correspondent à une forme d’actionnariat salarié plus personnalisable, qui peut être adaptée pour intégrer des principes démocratiques et un régime d’intéressement.
D’après Sky, les facteurs de préparation pour effectuer une transition vers un modèle d’actionnariat salarié comprennent la taille d’une entreprise, la santé financière, les résultats obtenus en matière de rendement et le montant de la dette. Le transfert de propriété est composé de plusieurs étapes financières liées au prix de vente, aux prêts, ainsi qu’à d’autres facteurs financiers.
La transition de PixelSpoke à une structure de coopérative de travail
PixelSpoke est devenue une B Corp en 2014 et a commencé son processus de transition vers un modèle de coopérative de travail en 2020. Le fondateur, Cameron Madill, a expliqué qu’il avait entendu parlé de ce concept pour la première fois lors de la retraite des champion.ne.s en 2017 en découvrant la B Corp Namaste Solar [en anglais], basée au Colorado, qui compte plusieurs centaines de collaborateurs et de collaboratrices. Alors que Madill explorait ses options pour vendre PixelSpoke, le concept d’actionnariat salarié l’a interpellé [en anglais] en raison de ses avantages pour plusieurs parties prenantes. « J’étais tout simplement fasciné par le fait qu’une entreprise pouvait être à cette échelle régie démocratiquement et détenue par ses employé.e.s », a déclaré Madill. « Alors, cela m’a semblé être la meilleure option. »
Selon Madill, après avoir passé environ deux ans à réfléchir à un modèle de coopérative pour PixelSpoke, le concept a d’abord été présenté à un groupe initial de propriétaires, puis à l’ensemble de l’entreprise en janvier 2019. L’entreprise a ensuite passé un an à mettre au point son plan en faisant preuve de diligence raisonnable, notamment en organisant des entrevues avec d’autres entreprises détenues par les employé.e.s. Enfin, PixelSpoke a passé les quatre dernières années à incorporer le modèle sous sa forme actuelle [en anglais].
D’après Madill, l’une de ses principales considérations était la fixation du prix pour inciter les collaborateurs et les collaboratrices à acquérir une part du capital. Il voulait qu’il soit abordable tout en représentant un engagement sérieux. « Les coopératives parlent beaucoup des droits et des responsabilités », a-t-il commenté. « Il faut que la responsabilité soit suffisamment importante pour que vous ayez la volonté de l’assumer en échange des droits. »
Selon Kerala Taylor, copropriétaire et membre du personnel de PixelSpoke, le concept faisait sens pour elle [en anglais], et elle a immédiatement commencé à économiser pour acheter sa part de l’entreprise. « Cette idée de faire partie d’un groupe de personnes qui se sentent propriétaires d’une entreprise, parce que nous possédons littéralement une portion de l’entreprise, avait beaucoup de sens pour moi », a affirmé Taylor.
D’après Taylor, la coopérative lui a permis de perfectionner ses compétences. Elle a expliqué qu’elle avait appris à organiser des réunions, à penser d’une manière stratégique à l’avenir de l’entreprise, à gérer des événements imprévus et à prendre des décisions dans un contexte collectif.
« Personnellement, j’adore travailler dans des petites entreprises, mais c’est un peu plus difficile de trouver des voies de croissance, ainsi que de savoir comment continuer à se créer des défis et à apprendre de nouvelles choses », a commenté Taylor. « Et pour moi, en plus de ce sentiment d’être propriétaire, la coopérative m’a offert l’occasion d’aller au-delà de mes fonctions. »
Mettre en œuvre des politiques efficaces dans votre entreprise
Cette ressource gratuite détaille comment le B Lab États-Unis et Canada et la communauté B Corp bâtissent une économie partenariale et organisent l’action politique collective afin de rendre les règles plus équitables et plus bienveillantes pour toutes les personnes.
Les avantages de l’actionnariat salarié pour les entreprises
D’après Madill, l’entreprise met parfois plus de temps à prendre des décisions en tant que coopérative, mais ce sont au bout du compte de meilleures décisions. D’une manière générale, pour lui, il s’agit d’un meilleur compromis qui lui a aussi permis de se libérer du stress, de la responsabilité et du fardeau d’être le seul propriétaire, ce qui a rendu son travail de DG encore plus agréable.
« Une grande partie du travail qui revient aux dirigeant.e.s, en particulier en matière d’harmonisation et de gestion du changement, est devenue tellement plus plaisante, mais c’est aussi désormais une responsabilité beaucoup plus partagée, et j’adore cela », a-t-il affirmé. « Je crois qu’un grand nombre de dirigeant.e.s ont l’impression d’être comme Sisyphe, constamment en train de pousser un rocher vers le sommet d’une montagne. Ce transfert de propriété a rendu ces fonctions tellement plus réjouissantes, car nous avons créé une véritable culture de propriétaires, avec un engagement incroyable. Cette transition ne s’est pas déroulée du jour au lendemain, mais elle a beaucoup compté à mes yeux. »
Pour les B Corp qui envisagent un modèle d’actionnariat salarié, elles doivent se rendre compte, d’après Madill, qu’il faut au minimum effectuer cinq conversions, une dans chacun de ces domaines : le juridique, les finances, les opérations, la culture et l’intégration. Au dire de l’un de ses pairs, il faut compter cinq ans pour incorporer complètement un modèle de coopérative dans une entreprise, et il est important d’avoir un cadre à long terme. Même s’il ne s’agit pas d’un effort rapide, il porte ses fruits.
« Cela a eu un impact tellement positif sur nos équipes, nos communautés, ainsi que sur le monde. Il s’agit de l’une des choses les plus significatives que j’ai entreprises et je suis vraiment fier de ce que nous avons bâti ensemble », a-t-il affirmé.
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