Co-créer la justice climatique avec les parties prenantes

Coup d’œil sur le E dans ESG : Nouer des liens pour améliorer l’impact environnemental des B Corp

Cet article présente le point de vue personnel d’une employée du B Lab, l’organisme sans but lucratif soutenant les entreprises certifiées B. Dans cette série, nous invitons les employé.e.s du B Lab à faire part de leurs expériences, de leur inspirations, de leurs espoirs et de leurs défis dans leur travail pour un monde plus inclusif et régénérateur. Cette édition de B Lab Voices est signée Kylie Nealis, responsable principale du programme pour la justice climatique.

J’ai appris de nombreuses leçons importantes depuis que j’ai joint l’équipe du B Lab États-Unis et Canada il y a un an et demi. Trois d’entre elles sont cruciales pour le travail de la communauté des entreprises certifiées B visant à faire progresser la justice climatique et à réduire son impact sur l’environnement :

• la collaboration est primordiale,
• il est essentiel de réunir les bonnes personnes au bon moment et 
• les relations en personne sont irremplaçables. 

Ces trois leçons ont été solidifiées par mon expérience lors de deux occasions récentes où j’ai eu la possibilité de co-créer des expériences de justice climatique en collaboration avec un groupe diversifié de dirigeant.e.s. Il s’agissait notamment d’un laboratoire d’innovation immersif en matière de justice climatique à Rio de Janeiro, au Brésil, et d’une participation à la Semaine du climat (Climate Week) à New York.

La justice climatique est l’un des trois piliers de la théorie du changement du B Lab États-Unis et Canada, en parallèle de l’ économie partenariale et de l’équité raciale. En son cœur, la justice climatique est la reconnaissance du fait que les personnes qui sont les moins responsables du changement climatique sont plus susceptibles d’être touchées et d’en subir ses effets les plus dévastateurs. Partout dans le monde, en première ligne du changement climatique, il s’agit principalement de personnes de couleur et de communautés systématiquement opprimées.

C’est pourquoi il est crucial pour la communauté B Corp d’écouter, de centrer et d’élever les voix des personnes les plus touchées dans le cadre de leur travail pour faire progresser la justice climatique. Il s’agissait d’un fil conducteur de mes conversations au Brésil et à New York. Je suis revenue de ces deux expériences en me sentant reconnaissante d’avoir passé du temps dans la communauté avec tant de personnes dévouées, aux perspectives diverses, qui travaillent pour la justice climatique, en particulier celles qui vivent en première ligne.

Pour la communauté B Corp, la justice climatique fait partie intégrante de l’amélioration de l’impact lié aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Comme les B Corp sont des entreprises qui s’engagent à prendre des mesures bénéfiques pour la planète et les personnes, elles élargissent leur champ d’action au-delà du profit pour inclure les parties prenantes, y compris l’environnement, la communauté, les consommateurs, les consommatrices et les employé.e.s. Dans le cadre des récentes discussions sur les politiques ESG, l’action climatique démontre l’une des façons dont les B Corp vont au-delà des pratiques commerciales habituelles pour améliorer leur impact environnemental.

Apprenez-en davantage sur le paysage des politiques ESG grâce à un récent webinaire du B Lab États-Unis et Canada.

Voici quelques-unes des principales leçons que j’ai tirées de mes deux dernières expériences, des exemples d’amélioration collaborative de l’impact environnemental au sein de la communauté B Corp.

Les participant.e.s au laboratoire d’innovation en matière de justice climatique 2023 se sont réuni.e.s à l’extérieur de Rio de Janeiro, au Brésil.

Un laboratoire d’innovation en matière de justice climatique pour les Amériques

Le laboratoire d’innovation en matière de justice climatique a eu lieu à la mi-août et a été accueilli par la BMW Foundation Herbert Quandt [en Anglais] et Climate Ventures. J’étais invitée à y participer avec 35 autres dirigeant.e.s d’Amérique du Nord et du Sud pour élaborer des recommandations sur la façon de faire progresser la justice climatique dans les Amériques. Ces dirigeant.e.s, dont beaucoup sont devenu.e.s des ami.e.s après le temps que nous avons passé ensemble, représentaient la société civile, les organisations philanthropiques et d’investissement à impact, les entreprises, les ONG et, surtout, les jeunes et les leaders communautaires en première ligne travaillant sur le terrain au Brésil, du bassin amazonien à Bahia sur la côte nord aux grandes villes de Rio de Janeiro et de São Paulo. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais il s’est avéré que c’était différent de toutes les réunions auxquelles j’avais assisté dans le passé, et de façon surprenante à certains égards.

Dans le cadre de la première des deux phases, nous nous sommes réuni.e.s pour partager nos connaissances et nos expériences en matière de justice climatique et approfondir notre compréhension de la situation sur les deux continents. Au cours de la deuxième étape (à venir en 2024-2025), le laboratoire d’innovation en matière de justice climatique favorisera la collaboration entre les organisations. L’objectif est de rassembler les connaissances et l’expérience, le capital social et les ressources financières en vue de créer des solutions en matière de justice climatique pour l’ensemble des pays, des communautés et des cultures.

Au cours de ces trois jours à la mi-août, le groupe a appris à se connaître autour de repas. Nous avons échangé sur nos différents rôles et réseaux, exploré les causes profondes et les dimensions de l’injustice climatique, et rencontré des personnes dans les communautés locales qui aident à renforcer l’adaptation et la résilience climatiques. Ce sont des membres de la communauté de première ligne qui dépendent de l’écosystème naturel environnant, en particulier des rivières locales, pour leur subsistance.

L’équipe dirigée par des jeunes de Visão Coop montre une carte des zones inondables dans leur communauté.

L’un des moments les plus forts de ce voyage fut la journée que nous avons passé sur le terrain à la rencontre des personnes de l’une des trois communautés. J’ai visité Visão Coop [en Portugais], une entreprise sociale dans la ville voisine de Queimados. Considérée comme l’une des villes les plus violentes du pays par les membres de la coopérative, Queimados est en proie chaque année à de graves inondations. Les membres de la coopérative ont exposé une myriade de façons dont les inondations affectent la communauté locale. D’autres problèmes sociaux et environnementaux aggravent ces effets. Parmi les exemples que ces personnes ont partagés, citons : la contamination de l’approvisionnement en eau potable de la communauté, les maladies transmises par les insectes (comme le paludisme et le virus Zika) dues à un mauvais assainissement, les maisons et les entreprises inondées, les maladies de la peau dues à l’exposition à l’eau polluée par des produits chimiques de l’industrie locale pendant les inondations, et les routes et les ponts emportés qui limitent l’accès aux hôpitaux et aux écoles. 

L’équipe dirigée par des jeunes de Visão Coop s’engage dans des initiatives pour renforcer l’adaptation et la résilience climatiques, ainsi que pour soutenir les résident.e.s. Il s’agit notamment de créer des publications médiatiques sur le racisme environnemental, d’apporter un soutien aux résident.e.s pendant les inondations, de plaider en faveur de meilleures infrastructures auprès des responsables à l’échelle municipale et régionale afin de prévenir les inondations et d’améliorer l’assainissement, de recueillir des données sur les zones les plus touchées et de faire connaître les histoires des membres de la communauté touchés grâce à des entrevues et des documentaires. Les membres de la Coop ont parlé des difficultés d’accès à certaines zones de la ville pour effectuer leur travail en raison de la violence omniprésente et du contrôle étroit des gangs et des milices.

Même si notre visite à Queimados fut intense et la réalité de la situation frappante, rencontrer et apprendre des jeunes leaders de Visão Coop qui renforcent la résilience climatique et font progresser la justice sociale dans leur communauté fut inspirant. Leurs histoires ont renforcé ma conviction que le climat et la santé sont inextricablement liés.

Des rencontres en personne irremplaçables avec les B Corp lors de la Semaine du climat

Trois semaines après mon retour du Brésil (et beaucoup de câlins de mon tout-petit entre les deux) avait lieu la Semaine du climat 2023 (Climate Week) [en Anglais]. Cette semaine annuelle d’événements liés aux actions climatiques est inspirante et gratifiante, mais aussi très occupée et épuisante. 

Mon séjour au Brésil m’a montré que nous réalisons certains de nos meilleurs travaux de co-création lors de rencontres en personne. Bien que les réunions virtuelles nous permettent de collaborer avec des personnes que nous n’aurions peut-être pas pu rencontrer autrement, il est apparu de manière évidente au cours des quelques jours que j’ai passés à New York que les personnes dans l’ensemble du mouvement climatique sont désireuses de se rencontrer dans la vie réelle. 

J’étais particulièrement enthousiaste à l’idée de pouvoir entrer en contact avec les B Corp et les organisations partenaires pendant la Semaine du climat. Deux événements de la Semaine du climat se sont démarqués : la Marche pour mettre fin aux combustibles fossiles et un atelier que le B Lab États-Unis et Canada a coorganisé avec le Forum for the Future.

Des milliers de personnes ont participé à la Marche pour mettre fin aux combustibles fossiles à l’approche de la Semaine du climat.

Une marche pour mettre fin aux combustibles fossiles

Le dimanche précédant la Semaine du climat, environ 75 000 personnes sont descendues dans les rues de New York pour exiger de mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles et appeler le président Biden à déclarer une urgence climatique. Organisée par People vs. Fossil Fuels, une coalition nationale de plus de 1 200 groupes communautaires en première ligne, la Marche pour mettre fin aux combustibles fossiles [en Anglais] a attiré un éventail de participant.e.s d’âges, de secteurs et d’horizons variés. Il s’agissait de la plus grande manifestation pour le climat aux États-Unis depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020. Personnellement, après avoir assisté à la Marche populaire pour le climat à New York en 2014 (People’s Climate March), où plus de 400 000 personnes sont descendues dans la rue, c’était enthousiasmant de ressentir à nouveau ce genre d’énergie et d’élan. Cette vidéo récapitulative (en Anglais) du comité organisateur de la marche donne un aperçu de l’événement. 

Après la marche, plus de 50 dirigeant.e.s de B Corp se sont réuni.e.s à l’occasion d’un cinq à sept de réseautage que le B Lab États-Unis et Canada a coorganisé avec la B Corp Seventh Generation. Plusieurs B Corp de la région de New York ont rejoint Seventh Generation dans un contingent d’entreprises pour la justice climatique ayant participé à la marche.

L’atelier sur l’action collective pour la justice climatique a commencé par un accueil axé sur l’ancrage et la diversité. L’atelier a été organisé dans le centre-ville, à l’Amalgamated Bank.

Un atelier sur des orientations pratiques pour le secteur privé afin d’accélérer l’action collective en faveur de la justice climatique

De temps à autres, vous vous lancez dans un partenariat qui vous permet d’évoluer et d’orienter votre travail d’une manière nouvelle et passionnante. C’est le cas du travail pour la justice climatique du B Lab États-Unis et Canada avec le programme American Climate Futures Program du Forum for the Future. Nous élaborons conjointement des orientations pratiques pour le secteur privé afin d’accélérer l’action collective en faveur de la justice climatique et nous cherchons des occasions pour des approches multisectorielles et collaboratives. À l’occasion de la Semaine du climat, nous avons réuni une cinquantaine de dirigeant.e.s d’entreprises qui se sont mobilisé.e.s en faveur de la justice climatique afin d’échanger des enseignements majeurs et de déterminer les domaines dans lesquels une action collective est nécessaire pour accélérer les progrès. Les domaines d’intérêt comprenaient :

• Identifier les actions à prendre dans l’ensemble des opérations internes, y compris les politiques du personnel et les changements d’état d’esprit nécessaires pour que les entreprises puissent faire progresser la justice climatique en passant d’approches extractives et exploitantes à des approches équitables et régénératrices. 
• Explorer les modèles d’affaires et d’exploitation existants qui mettent la justice et l’équité au cœur de leur structure.

Cet extrait du Manuel de justice climatique pour les entreprises (Climate Justice Playbook for Business) présente le changement de mentalité des entreprises nécessaire pour faire progresser la justice climatique.

Cette séance s’est appuyée sur des études existantes et sur les points de vue de groupes communautaires en première ligne et d’organisations de justice climatique recueillis au cours de l’année passée. Deux personnes représentant des organismes qui travaillent à faire progresser la justice climatique dans les communautés se sont jointes à nous : Kiana Kazemi, directrice des programmes chez Intersectional Environmentalist, et Elizabeth Joseph, directrice adjointe de la bibliothèque publique de New Rochelle. Kazemi a discuté des intersections entre la justice climatique et la justice raciale, ainsi que du rôle essentiel que jouent les jeunes dans le mouvement pour la justice climatique. Joseph a présenté son travail de gestion d’un centre de résilience communautaire dans sa bibliothèque dans le cadre d’une organisation nationale plus vaste, Communities Responding to Extreme Weather (CREW). Elle a souligné l’importance des espaces publics tels que les bibliothèques comme lieux de refuge lors de catastrophes climatiques. Les résultats de la séance feront l’objet d’un guide pratique partagé qui sera copublié au début de 2024 par le B Lab États-Unis et Canada et le programme American Climate Futures du Forum for the Future. Restez à l’affût!

Ces deux événements renforcent la façon dont les B Corp collaborent et innovent pour améliorer l’impact environnemental et social. En fin de compte, la co-création de la justice climatique peut et doit prendre des formes diverses et variées si nous voulons façonner un avenir plus juste et écoresponsable. Réunir divers groupes de personnes ayant des perspectives différentes pour co-créer des stratégies et des approches en vue de faire progresser la justice climatique demande du temps, des ressources et de l’organisation. Mes récentes expériences au Brésil et à New York m’ont appris que si nous le faisons avec intention et que nous agissons à la vitesse de la confiance, l’avenir de notre planète, et de toutes les personnes qui y vivent, en bénéficiera. 

En savoir plus sur le travail du B Lab États-Unis et Canada en matière de justice climatique : 

• Aperçu du programme de justice climatique 
• Manuel de justice climatique pour les entreprises (en Anglais, Climate Justice Playbook for Business)
• Boîte à outils du Mois de la Terre 2023 du B Lab États-Unis et Canada [en Anglais]
• 5 choses que les entreprises doivent savoir sur la justice climatique de la part des dirigeant.e.s en première ligne [en Anglais]