Comment mesurer, planifier et ajuster les émissions de carbone et plus encore : comment les consultant.e.s guident les entreprises sur la voie de la neutralité carbone

Les B Corps posent des actions climatiques qui intègrent la justice climatique

Niveau 1, niveau 2, niveau 3 ? Compensations ? Projets d’élimination du carbone ?

Les chef.fe.s d’entreprise qui cherchent à réduire les émissions de carbone de leur société tout en s’engageant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 ont une courbe d’apprentissage assez raide qui comprend une nouvelle terminologie et, oui, un peu de science. Les leaders de la communauté des entreprises certifiées B Corp peuvent se tourner vers les ressources du B Corp Climate Collective pour obtenir des conseils et se rapprocher de leurs collègues déjà engagé.e.s dans cette voie pour obtenir des conseils et des informations.

Comme indiqué sur le site Web du B Corp Climate Collective, les B Corps qui s’engagent à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2030 sont censées prendre un engagement public qui comprend une déclaration d’urgence climatique, puis créer un plan avec des étapes à court et à long terme, poursuivre le travail pour atteindre ces objectifs et publier leurs progrès au moins une fois par an. 

Pour les entreprises qui ont besoin d’une expertise supplémentaire pour créer et guider leur plan de neutralité carbone, les consultant.e.s en climatologie peuvent offrir une aide plus spécifique. Grâce à leurs connaissances approfondies des émissions de carbone, de leurs sources et de leurs effets, les consultant.e.s sont également conscient.e.s de l’importance d’intégrer la justice climatique dans les engagements du plan net zéro 2030. En tant que principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES), les entreprises se rendent compte de la nécessité de faire leur part en réduisant leurs pratiques qui nuisent à la planète et à ses habitant.e.s et de s’efforcer de devenir climatiquement neutres, voire positives.

Pour aider les chef.fe.s d’entreprise et les autres acteur.rice.s de changement de l’action climatique à mieux comprendre ce processus, B The Change a contacté une société de conseil climatique B Corp via la B Hive, ainsi qu’une B Corp qui a travaillé avec une entreprise de consultation climatique. Ces personnes partagent des leçons, des conseils et d’autres réflexions – et soulignent que l’étape la plus importante est de commencer, même avec de petits changements.  

Le consultant : créer un « plan vivant » pour l’action climatique

David Jaber est le fondateur de Climate Positive Consulting. Bien que son entreprise vient d’obtenir la certification B Corp, le travail de David Jaber avec la communauté B Corp remonte à une dizaine d’années. Les services de Climate Positive Consulting comprennent l’élaboration d’une stratégie climatique, l’analyse de l’empreinte carbone et des conseils sur la réduction des GES dans la chaîne d’approvisionnement. 

Les entreprises qui cherchent à mettre en place un plan « zéro émission » devraient d’abord réaliser un inventaire des GES, dit-il, afin d’avoir des chiffres à partir desquels travailler. 

« Jusqu’à tout récemment, les entreprises qui envisageaient d’appliquer le principe du zéro émission ou l’équivalent étaient relativement sophistiquées et avaient des années d’inventaire à leur actif, explique-t-il. « De manière caractéristique à notre époque, cependant, nous voyons maintenant des entreprises qui envisagent des objectifs de neutralité climatique et de neutralité carbone, bien qu’elles n’aient pas encore réalisé d’inventaire. »

Le temps nécessaire à l’élaboration d’un plan dépend de la disponibilité et de l’accès aux données utilisées pour effectuer les calculs, dit-il. La taille et le secteur d’activité de l’entreprise peuvent influencer le calendrier, ainsi que le niveau d’implication des parties prenantes, tant internes qu’externes. Il est essentiel d’impliquer les employé.e.s et les autres parties prenantes internes lors du lancement d’un plan « neutralité carbone », explique M. Jaber, car nombre d’entre eux et d’entre elles  joueront un rôle clé dans la concrétisation des changements au fil du temps.

« En l’espace de quatre à six mois, la plupart des organisations peuvent élaborer une première version de leur plan climatique, en définissant les actions à entreprendre et les domaines dans lesquels des informations supplémentaires sont nécessaires », explique-t-il. « La meilleure approche est d’avoir un plan vivant, qui évolue au fur et à mesure de la mise en œuvre et de l’obtention de meilleures informations, en particulier pour ces plans climatiques à long terme où toutes les solutions n’ont pas encore été identifiées. »

En réalisant que certains problèmes climatiques n’ont pas encore de solutions – ou que ces dernières peuvent varier – les dirigeant.e.s de B Corps peuvent puiser dans leur caractère innovateur pour essayer de nouvelles méthodes et aider à développer des meilleures pratiques. Ces dernier.ère.s agiront à titre d’allié.e.s et de leaders de la justice climatique, en intégrant le bénéfice social dans leurs pratiques de « neutralité carbone 2030 ». 

« Lorsque l’on se contente de regarder les chiffres d’émissions des entreprises et les sources de GES, il n’est pas toujours facile de voir comment la justice climatique s’applique », explique M. Jaber. « Une façon générale de faire progresser la justice est de procéder à des réductions significatives des émissions, plutôt que de s’appuyer sur des compensations. »

Source : Norme de comptabilité et de rapport de la chaîne de valeur de l’entreprise WRI/WBCSD (Scope 3) (PDF) 

La réduction des émissions de carbone des niveaux 1 et 2 nécessite de réduire les combustibles fossiles et les polluants qui pèsent de manière disproportionnée sur les personnes à faibles revenus et les communautés de couleur, dit-il. « Si vous renoncez à la réduction et que vous vous fiez aux compensations, vous manquerez la chance de créer ces avantages sociaux. »

Les projets de compensation correctement conçus peuvent bénéficier aux communautés touchées, dit Jaber, et devraient être utilisés comme une tactique complémentaire. Il souligne également les conseils de Vien Truong, président de Dream Corps, qui a parlé à l’événement GreenBiz 2019 et a encouragé les entreprises à travailler avec les résident.e.s des communautés où elles ont des installations et à leur demander leurs besoins et leurs suggestions pour les intégrer dans leur plan de neutralité carbone. 

Bien que les défis de la crise climatique puissent être décourageants et accablants, en particulier pour les personnes travaillant dans des petites entreprises, M. Jaber affirme que la communauté B Corp peut collectivement faire une grande différence en ouvrant la voie vers la neutralité carbone. « En particulier dans des domaines tels que la politique, le succès exige des actions qui vont au-delà de nos entreprises et de nos systèmes de valeurs individuels, de sorte que vous ne devez pas vous attendre à faire cavalier seul », dit-il. 

Après avoir franchi l’étape initiale (et importante !) du lancement d’un inventaire des GES, M. Jaber suggère de faire appel aux collègues du B Corp Climate Collective pour obtenir des conseils. « Apprenez de vos faux pas comme de vos réussites, car un niveau d’audace qui tolère un certain niveau d’erreur est la seule façon de faire de réels progrès au cours des dix prochaines années », dit-il.

La B Corp : collaborer pour réduire les émissions de carbone

Les fondateurs de la B Corp Mindful Chef, une entreprise de boîtes de repas prêts-à-cuisiner basée au Royaume-Uni, ont donné la priorité à la durabilité dès le départ et recherchent à mettre au centre de leur entreprise l’action climatique. Depuis qu’elle est devenue climatiquement neutre en 2019, Mindful Chef a mis le cap sur un objectif neutralité carbone 2030, mis en évidence dans son rapport carbone 2020.

Si la base de son activité est de fournir des repas sains préparés à partir de produits locaux frais, Mindful Chef s’efforce également à minimiser son empreinte et d’élargir son impact environnemental et social positif en travaillant avec une firm de consultation, ClimatePartner, qui a aidé la B Corp à étendre la portée et la profondeur de son action climatique.  

Emma Detain, responsable de la durabilité chez Mindful Chef, explique que la B Corp entreprend actuellement son deuxième bilan carbone.  Elle utilisera les résultats en bâtira sur ses apprentissages antérieurs. Elle pourra encore mieux suivre ses progrès et encourager la transparence, la visibilité et la responsabilité dans sa chaîne d’approvisionnement, puisque les aliments représentent 70 % de son empreinte carbone. 

« Nous savons que c’est en travaillant en collaboration avec nos fournisseurs que nous aurons le plus d’impact, c’est pourquoi nous travaillons sur un programme d’engagement des fournisseurs pour lancer ce processus », dit-elle. « Un grand nombre de nos fournisseurs ont déjà mis en place des initiatives remarquables en matière de biodiversité, de santé des sols, d’eau, de déchets et de qualité de l’air, et nous voulons en tenir compte. »

Dans le cadre de la mesure de son empreinte carbone, Mindful Chef a effectué une analyse du cycle de vie de six de ses recettes les plus populaires – du végétalien au bœuf – et a mesuré l’impact des ingrédients, du transport (du fournisseur à l’entrepôt jusqu’aux client.e.s), de la transformation, de l’emballage, de l’utilisation finale (réfrigération et cuisson) et des déchets.

« Les plus grandes surprises concernaient les différentes empreintes carbone des ingrédients », explique Detain. « Nous savions que les résultats des produits comme le bœuf seraient élevés, mais ceux des aliments comme le riz, les poivrons et même les choux-fleurs se sont révélés plus importants que prévu. Nous utilisons maintenant ces résultats pour façonner notre stratégie de réduction, donc en commençant par les ingrédients les plus centraux comme nos protéines, mais aussi les ingrédients que nous achetons en plus grandes quantités. »

Mindful Chef a également élargi son champ d’action en matière de climat en collaborant avec ClimatePartner, qui a identifié deux projets – le projet de fourneaux propres au Ghana et le projet de protection des forêts au Brésil – que la B Corp doit soutenir et qui s’alignent sur les objectifs de développement durable de l’ONU, font progresser la justice climatique et fournissent des compensations de carbone. 

« La compensation fait souvent l’objet de nombreuses critiques », explique M. Detain. « Bien que nous soyons d’accord sur le fait que l’accent doit être mis sur la réduction, il est important de reconnaître qu’elle offre non seulement un moyen de prendre ses responsabilités tout en travaillant sur une stratégie de réduction, mais qu’elle apporte également des avantages sociétaux qui, à leur tour, aident à lutter contre la propagation disproportionnée des conséquences du changement climatique. Cela a fait partie de notre processus de réflexion lorsque nous avons choisi les projets que nous avons réalisés. »

Tout en cherchant de nouvelles façons de protéger l’environnement, Mindful Chef cherche également à répondre aux besoins de l’humanité en alignant son travail sur les objectifs de l’ONU – un plan directeur visant à construire un monde meilleur pour les gens et la planète. M. Detain explique que la B Corp a utilisé le SDG Action Manager, un outil en ligne développé par B Lab et le Pacte mondial des Nations unies, pour identifier les domaines dans lesquels elle a le plus de chances de faire progresser les objectifs dans le cadre de son action en faveur du climat. 

« L’action climatique doit aller de pair avec les objectifs de l’ONU », dit-elle. « S’aligner sur ces derniers permet d’orienter les décisions et la stratégie, mais aussi de s’assurer que nous répondons aux besoins des parties prenantes concernées tout en prenant des mesures commerciales significatives par le biais de l’auto-évaluation, de l’analyse comparative et de l’amélioration. »