Réinventer le travail : la semaine de quatre jours, un nouveau modèle pour concilier travail et vie personnelle

November 18, 2024

Des B Corp partagent des pratiques et des formations pour soutenir la transition vers la semaine de travail de quatre jours

Les modèles d’organisation du travail ont connu divers changements au fil du temps. De plus en plus d’entreprises et d’employé.e.s cherchent à améliorer l’équilibre travail-vie personnelle, entraînant une remise en question du modèle de la semaine de travail de 40 heures, cinq jours par semaine. Certaines sociétés se tournent vers la semaine de quatre jours à la place, dans le cadre de laquelle les collaborateurs et les collaboratrices travaillent moins d’heures tout en maintenant un rendement identique et en conservant le même salaire. Et, d’après elles, ce changement ne profite pas seulement aux employé.e.s, mais aussi aux entreprises. 

Une étude récente [en anglais] réalisée au Royaume-Uni a révélé qu’un an après la participation de 61 entreprises britanniques à un projet pilote de la semaine de travail de quatre jours, 89 % d’entre elles ont maintenu leur nouvelle structure. Selon cette étude, la semaine de quatre jours a entraîné une augmentation de l’efficacité et de la satisfaction des employé.e.s, ainsi qu’une baisse des taux de renouvellement du personnel. 

Cependant, à quoi ressemble une semaine de travail de quatre jours en pratique et quels changements une entreprise doit-elle effectuer pour réussir la transition? S’agit-il d’une option pour tous les types d’entreprises ou convient-elle mieux à certaines plutôt qu’à d’autres? 

En tant qu’entreprises axées sur la création d’un impact positif, certaines entreprises certifiées B, petites et grandes, comptent parmi les pionniers et les pionnières de ce changement. La B Corp Boite Pac, une société de conseils basée à Montréal qui guide les entreprises au cours de leur transition vers la semaine de travail de quatre jours, aide à répondre à ces questions, et à d’autres. Puis, la B Corp Unilever Australie et Nouvelle-Zélande [en anglais] témoigne de son expérience lors de son essai de la semaine de quatre jours. 

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Étapes à suivre pour réussir la transition vers la semaine de travail de quatre jours

La semaine de travail de quatre jours ne consiste pas seulement en une restructuration de la semaine de 40 heures : il s’agit d’un modèle différent de vie professionnelle. D’après la consultante et associée chez Boite Pac, Alexandra Lamoureux, la B Corp utilise le modèle 100-80-100, c’est-à-dire que les employé.e.s reçoivent 100 % de leur salaire en travaillant 80 % de leurs heures, et tout en maintenant 100 % de leur productivité.

Lamoureux explique que les entreprises découvrent de nombreux avantages à la semaine de travail de quatre jours, le premier d’entre eux étant une réduction de l’épuisement professionnel et du renouvellement du personnel. Selon elle, la diminution des heures de travail a permis de réduire l’épuisement professionnel jusqu’à 70 %, et les client.e.s de Boite Pac ont constaté une baisse de 55 à 60 % du taux de renouvellement du personnel. Ces résultats augmentent le bien-être et la motivation des employé.e.s, et ils sont aussi bénéfiques pour les finances, la culture et la clientèle des entreprises. 

« Il s’agit d’un incitatif clair, avec des résultats concrets, qui permet de résoudre plusieurs problèmes sur le lieu de travail », a déclaré Lamoureux. 

La société Blue Street Capital [en anglais], qui offre des services financiers aux entreprises, en est un exemple. Basée en Californie, la société a réduit ses heures de travail de 20 % et a connu une augmentation de son chiffre d’affaires de 30 % au cours de la première année. Parmi les autres avantages indirects, citons la réduction des émissions grâce à la diminution des trajets en voiture et l’avancement de l’équité entre les genres. Les femmes sont plus de quatre fois plus susceptibles [en anglais] que les hommes de travailler à temps partiel pour concilier leurs vies professionnelle et personnelle. Comme l’avance Lamoureux, la réduction des heures de tout le monde contribue donc à mettre les femmes sur un pied d’égalité. 

« Le passage à la semaine de 32 heures de l’ensemble du personnel constitue une étape considérable vers l’égalité des genres », a-t-elle affirmé. « Lorsque les femmes peuvent travailler le même nombre d’heures que les hommes, elles bénéficient d’un meilleur accès aux promotions, aux postes de direction et à leur croissance professionnelle. » 

Malgré ces avantages, il existe certaines idées fausses courantes qui peuvent dissuader des entreprises d’envisager un passage à la semaine de travail de quatre jours, d’après Lamoureux. L’une d’entre elles est que les entreprises opérant 24 heures sur 24 ne peuvent pas adopter ce modèle. Lamoureux explique qu’elles peuvent utiliser un modèle de roulement selon lequel les collaborateurs et les collaboratrices alternent leurs jours de repos. Selon elle, des études montrent que la semaine de travail de quatre jours peut se révéler efficace dans tous les types d’entreprises, des usines de fabrication et autres emplois manuels aux grandes entreprises dotées de modèles d’affaires complexes. Dans les deux cas, le modèle peut être adapté ou des modèles différents peuvent être adoptés dans les divers secteurs de l’entreprise. 

Selon une autre idée fausse, les dirigeant.e.s d’entreprise ne pourraient pas prendre part à la semaine de quatre jours. Toutefois, Boite Pac les encourage à participer au processus et à « se salir les mains ». Par ailleurs, certaines personnes présument faussement que la semaine de travail de quatre jours est réservée aux « paresseux et paresseuses » qui ne veulent pas travailler. Lamoureux souligne que cette idée est tout simplement fausse. « Ce modèle est pour les équipes qui souhaitent réévaluer leurs processus et réaliser davantage en moins de temps. Donc, en fait, vous ne pouvez être ni paresseux ni paresseuse pour y parvenir », a-t-elle commenté. 

Boite Parc travaille avec des entreprises pour préparer et gérer leur transition vers la semaine de travail de quatre jours. Ce processus comprend la réalisation d’enquêtes initiales auprès des employé.e.s, la sélection d’un modèle et l’élaboration d’un plan d’action, des formations en matière de productivité, une phase de mise en œuvre dite pilote, ainsi que des sondages de suivi. « La préparation est très importante », a-t-elle déclaré. « Il s’agit d’un changement organisationnel principalement axé sur les personnes. Il faut donc respecter cet aspect. » 

Les enquêtes initiales servent à interroger les collaborateurs et les collaboratrices sur des sujets comme les raisons pour lesquelles ils et elles souhaitent passer à une semaine de quatre jours, ainsi que leurs préoccupations relatives à la transition. Les formations sur la productivité offrent des directives en matière d’efficacité et des stratégies de gestion du temps. Celles-ci comprennent notamment la méthode de gestion du temps Pomodoro [en anglais],  basée sur des périodes de 25 minutes de travail ciblé et sur le « groupage de tâches », qui consiste à regrouper des petites tâches similaires pour les accomplir dans un même temps. Les employé.e.s reçoivent également des conseils sur la manière de quitter des réunions dans lesquelles leur présence n’est pas pertinente, y compris sur le choix du bon moment pour le faire. 

Après un mois de préparation et de formation sur la productivité, les entreprises passent à la prochaine étape de la transition : elles n’organisent aucune réunion pendant un jour de la semaine défini, comme le vendredi. Les collaborateurs et les collaboratrices continuent de travailler ce jour-là mais se concentrent sur la réduction de leurs heures en prévision de la prochaine phase, un projet pilote de la semaine de travail de quatre jours qui peut durer de trois à six mois. Après la phase d’essai, des sondages sont menés auprès des employé.e.s pour connaitre leur expérience, puis l’entreprise peut décider d’adopter ou non le nouveau modèle. 

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La B Corp Unilever Australie et Nouvelle-Zélande met à l’essai la semaine de travail de quatre jours

La B Corp Unilever Australie et Nouvelle-Zélande (ANZ) mène un essai de la semaine de travail de quatre jours. Initialement, Unilever ANZ a lancé le projet pilote chez Unilever Nouvelle-Zélande. Puis, sur la base de ces résultats, l’entreprise a commencé la phase d’essai du modèle en Australie. 

« Réinventer l’avenir du travail ne constitue pas seulement une responsabilité morale. L’analyse de rentabilité est également très convaincante », a déclaré Unilever ANZ dans une réponse aux questions. « Depuis que nous avons adopté une culture du travail flexible, nous avons observé une augmentation de l’engagement et de la productivité, une hausse du taux de rétention du personnel et une diminution du nombre de jours de maladie, ce qui se traduit par des économies de coûts importantes pour notre entreprise. »

Dans le cas de l’essai de Nouvelle-Zélande, en particulier, la grande majorité des 80 employé.e.s d’Unilever ANZ ont déclaré se sentir engagé.e.s et l’absentéisme a diminué de 34 %. Le bien-être personnel a également connu une amélioration, avec une baisse de 33 % du stress. Parallèlement, les sentiments d’énergie et de vigueur au travail ont augmenté de 15 % et le nombre de conflits liés à la conciliation travail-vie personnelle a chuté de 67 %. Les parties prenantes et les partenaires ont également perçu l’essai d’un œil favorable, 100 % d’entre eux et elles étant d’accord pour dire que l’équipe de Nouvelle-Zélande avait réalisé un travail de haute qualité dans les délais. Et, surtout, l’essai en Nouvelle-Zélande a donné de bons résultats par rapport aux objectifs de l’entreprise, y compris en matière de croissance des revenus.

Le format adopté par Unilever ANZ est également basé sur le modèle 100-80-100, avec un accent mis sur la stimulation de la productivité à l’aide de formations et de ressources, ainsi que sur le maintien de la totalité du rendement. Les soldes de congés et de jours fériés sont demeurés identiques et aucun jour de repos n’a été imposé. Pour ce qui est de la planification, les équipes sont encouragées à se mettre d’accord et à élaborer des plans individuels et d’équipe pour assurer la continuité des affaires. 

« Même si la semaine de travail de quatre jours repose sur les mêmes principes dans l’ensemble de l’organisation, ceci ne signifie pas que sa mise en œuvre est identique pour toutes les équipes ou employé.e.s », a expliqué Unilever ANZ. « Ce qui convient à une équipe ou à une phase de vie d’un.e employé.e. ne correspond pas toujours aux besoins des autres. Pour certain.e.s, ce gain de temps peut être pris sous la forme de quelques heures par jour ou de deux demi-journées par semaine, selon ce qui fonctionne le mieux pour les collaborateurs et les collaboratrices, leurs équipes, leur clientèle externe et l’entreprise. »

La technologie a aidé Unilever ANZ à réduire les heures des employé.e.s et à augmenter la productivité. Très tôt dans le processus, la B Corp a remplacé les communications traditionnelles par courriel par des échanges sur des plateformes telles que Microsoft Teams, ce qui lui a permis d’optimiser ses flux de travail et de gagner du temps. Plus récemment, l’entreprise a adopté des outils d’IA générative comme Adobe Firefly et Microsoft Copilot, qui, d’après Unilever ANZ, ont joué un rôle essentiel pour automatiser des tâches routinières, stimuler la créativité et accroître davantage l’efficacité dans l’ensemble de l’entreprise.

C’est le désir d’innover qui a incité Unilever ANZ à mener un projet pilote de la semaine de travail de quatre jours. L’entreprise a expliqué qu’elle explore en permanence des nouvelles méthodes de travail pour s’assurer qu’elle répond aux attentes et aux besoins évolutifs des membres de son équipe tout en réalisant un triple résultat net en matière de performance, dans les domaines des bénéfices, de la planète et de la société, et en restant compétitive.

« Il s’agit d’essayer de nouvelles manières d’éliminer les obstacles qui limitent potentiellement la création de valeur et nous ralentissent, ainsi que de consacrer notre énergie à la stimulation d’un impact et à l’obtention de résultats », a déclaré la B Corp. 

Pour ce qui est des ressources que les autres entreprises pourraient trouver utiles, Unilever ANZ a transmis sa liste de mythes sur la semaine de travail de quatre jours [en anglais]. Cette liste répertorie huit idées fausses sur la semaine de travail de quatre jours, comme les suppositions erronées qu’il s’agit simplement « d’une fin de semaine de trois jours », que la clientèle et les parties prenantes en souffriront et que cela rend plus difficile la création d’une bonne culture sur le lieu de travail. Vous pourrez trouver de plus amples renseignements sur l’essai de la semaine de quatre jours mis en œuvre par Unilever [en anglais] en Australie et en Nouvelle-Zélande sur le site Web de l’entreprise.

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