Tisser des liens afin de créer un cadre pour la réconciliation au sein des entreprises

July 28, 2023

Des entreprises canadiennes œuvrent pour établir la confiance et tisser des liens avec les communautés autochtones

Pour les entreprises certifiées B au Canada, l’équité raciale représente bien plus que l’un des trois piliers de la théorie du changement du B Lab États-Unis et Canada. Elle fait également partie d’un appel national à l’action pour la réconciliation avec les nations et les peuples autochtones, adopté par le gouvernement canadien en 2021.

Afin de soutenir les entreprises B Corp canadiennes, ainsi que d’autres sociétés, dans leurs efforts de réconciliation individuels et collectifs, le B Lab États-Unis et Canada a récemment commandité un webinaire sur le développement du leadership B Corp (BLD, B Corp Leadership Development) au Canada, mettant en avant des voix de personnes autochtones et de leurs allié.e.s. Organisé par les communautés B Local Vancouver, B Local Québec et les entreprises B Corp des provinces maritimes au Canada, l’événement en ligne présentait des pratiques commerciales, des politiques et des avenues pour créer et tisser des liens avec les nations et les peuples autochtones et faire progresser la justice économique et l’équité raciale. 

« La réconciliation est le processus de réparation des relations endommagées entre des personnes ou des groupes », déclare Michelle Reid du B Lab États-Unis et Canada. « Il s’agit de reconnaître et de réparer les torts historiques, d’écouter et de comprendre les perspectives de chaque partie et de travailler en vue de restaurer la confiance et de renouer des liens. »

En adoptant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, le Canada s’est engagé à prendre des mesures légales, économiques et morales pour admettre et reconnaître les préjudices causés aux peuples autochtones par la colonisation. Gwen Bridge, de Gwen Bridge Consulting affirme que la Commission de vérité et réconciliation du Canada souligne l’importance de tisser des liens avec les nations et les peuples autochtones afin de créer un cadre pour favoriser la guérison et mettre en œuvre des mesures pour la parité économique et sociale. 

Ce cadre implique d’engager une conversation avec les nations et les peuples autochtones et d’apprendre d’eux pour développer une compréhension plus profonde qui permettra d’établir les bases d’une relation, déclare Bridge. « Lorsque vous pouvez démontrer que vous comprenez l’importance de ce qui vous est confié, cela contribue grandement à bâtir des liens. » La relation de compréhension est infiniment plus importante que la recherche d’un plan d’action.

« Au sein de l’écologie mondiale, les peuples autochtones représentent 5 % de la population, mais ils préservent 80 % de la biodiversité. Il est essentiel de comprendre la vision des peuples autochtones en ce qui concerne leur lien à la terre. Cette relation au territoire est fondamentale », continue-t-elle. « La réconciliation est le travail que nous faisons pour soutenir cette relation. »

Avenues pour tisser des liens avec les communautés autochtones

Lors du webinaire, des dirigeant.e.s d’entreprises et d’organisations canadiennes qui développent des relations avec les nations et les peuples autochtones ont fait part d’exemples et de leçons que d’autres entreprises peuvent utiliser dans le cadre de leurs efforts de réconciliation. 

Au Conseil canadien pour l’entreprise autochtone (CCEA), Tabatha Bull dirige la mission de l’organisme sans but lucratif qui a pour but de soutenir l’économie autochtone grâce à des efforts en matière de mentorat, de développement des affaires, de réseautage et d’approvisionnement. Le CCEA offre un programme de certification intitulé Relations progressistes avec les Autochtones afin d’aider les organisations à créer et à mettre en œuvre des plans d’action de réconciliation. Elle décrit les quatre piliers du programme :

  • Emploi : Renseignements sur les façons de soutenir les personnes autochtones en milieu de travail et d’augmenter le nombre de travailleurs, de travailleuses et de dirigeant.e.s autochtones. 
  • Développement des affaires : Stratégies d’approvisionnement pour établir des liens dans le cadre de la chaîne logistique entre les sociétés et les entreprises appartenant à des personnes autochtones tout en renforçant les communautés. 
  • Relations communautaires : Des partenariats et des relations qui améliorent l’impact positif des entreprises sur leurs communautés. 
  • Du leadership aux actions : Stratégies à effet domino qui encouragent les entreprises partenaires à élaborer un plan d’action de réconciliation ou à s’engager autrement envers les entreprises autochtones. 

David LePage de Buy Social Canada affirme que l’entreprise sociale considère le marché des affaires comme un moyen pouvant servir à faire progresser la réconciliation et à renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté. « Nous partons du principe que chaque achat ou chaque opération boursière a un impact. Ainsi, lorsque nous achetons, vendons, et échangeons des biens et des services, cela entraine un impact économique et social, culturel et environnemental, qu’il soit intentionnel ou non », affirme-t-il. 

Les décisions que nous prenons par rapport à ce que nous achetons et à qui nous l’achetons ont des implications profondes sur nos communautés et sur l’environnement, déclare LePage. « Le marché est fondé sur des valeurs d’extraction et d’exploitation. … Elles faisaient partie intégrante de la manière de s’approvisionner », explique-t-il. « Donc, nous ne pouvons pas simplement changer de politique. Nous devons réellement modifier les comportements sur le marché. »

Tout comme les pratiques régénératrices qui protègent la terre, les pratiques du marché qui profitent aux travailleurs, aux travailleuses, aux producteurs et aux producteur.rice.s correspondent aux valeurs B Corp et peuvent aider les entreprises à créer une économie plus inclusive, avance-t-il. 

« Le marché développé et utilisé par les communautés autochtones a vraiment servi de fondement à ce que nous appelons l’approvisionnement socialement responsable. Pour nous, il s’agit donc d’apprendre des traditions des communautés autochtones, c’est-à-dire comment utiliser l’échange et le marché pour développer des communautés saines. »

Une boîte à outils de la justice climatique pour les entreprises

Cette ressource téléchargeable gratuite aide les entreprises à s’engager dans un processus de réflexion, d’apprentissage et d’action autour de la justice climatique. La boîte à outils comprend un défi de réflexion sur la justice climatique, un glossaire et des appels à l’action.

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Renforcer les capacités au sein et parmi les communautés autochtones 

Chez Chandos Construction, une entreprise B Corp de construction commerciale appartenant aux employé.e.s, Tim Laronde est le directeur national des stratégies autochtones. En créant ce poste quelques années auparavant, Laronde et le président de Chandos, Tim Coldwell, ont cherché à acquérir des connaissances et à tisser des liens avec les communautés autochtones. La stratégie de l’entreprise se décompose en quatre parties : 

  • Sensibiliser à la culture autochtone. Laronde a élaboré une présentation contenant une chronologie et les étapes vers la réconciliation qu’il montre aux employé.e.s, aux partenaires et aux conseiller.ère.s à la clientèle de Chandos.
  • Embauche, fidélisation et promotion des employé.e.s autochtones. Chez Chandos, Laronde a créé un groupe de ressources pour les employé.e.s autochtones afin de leur proposer un moyen de réseauter et de travailler sur des initiatives et des causes au sein de nos organisations. 
  • Accroitre l’approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Laronde tisse des liens authentiques avec les communautés autochtones afin de leur offrir une place à la table des négociations où les décisions sont prises. 
  • Soutenir le développement des affaires et les relations avec la clientèle. Laronde encourage les membres d’équipe de Chandos à entrer en contact avec leurs communautés pour connaître leurs priorités et leurs objectifs à long terme, puis à collaborer avec elles pour les aider à créer plus de richesse et de capacités. 

Le renforcement des capacités constitue l’une des priorités chez Aurelia, où Erin Light et d’autres collaborent avec les gouvernements et les organisations autochtones afin d’élaborer des services sociaux. « Il existe une crise dans le domaine de la protection de l’enfance dans ce pays, particulièrement en ce qui a trait à la protection des enfants autochtones », affirme-t-elle. « Nous avons le privilège et le défi d’aider à soutenir les communautés autochtones et d’essayer d’empêcher leurs enfants d’être enlevés de la communauté. »

En tant que partenaire dans cette mission, Aurelia collabore avec les communautés autochtones pour élaborer des formations, des politiques et des procédures en vue de permettre aux enfants de conserver des liens avec leur famille et leur héritage. « Au lieu de les enlever de la communauté et de les placer dans des foyers d’accueil principalement blancs, ces enfants pourraient rester au sein de leur communauté, dans une installation d’accueil résidentielle gérée et détenue par la communauté », explique Light. « Lorsque nous plaçons ces enfants, nous les arrachons complètement à leur communauté, à leur langue. Après leur départ, il est très rare qu’elles et ils reviennent dans la communauté. Nous aimons penser que notre travail est translationnel. »

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