Intégrer la vérité et la réconciliation avec les communautés autochtones dans le travail

November 16, 2023

Les B Corp canadiennes partagent des ressources et des cadres pour co-créer des plans d’action de réconciliation

Lorsque les organisations s’ouvrent à la reconnaissance de l’impact du colonialisme sur la culture, l’économie et le bien-être des peuples autochtones, la tâche de réconciliation peut sembler écrasante. Mais toutes les organisations et entreprises, quel que soit leur domaine d’activité, peuvent se tourner vers des ressources et des cadres de réconciliation pour réparer les méfaits de la colonisation sur les peuples autochtones. 

Lors de la Retraite des champion.ne.s 2022, un rassemblement de personnes de la communauté des entreprises certifiées B, une table ronde s’est concentrée sur les efforts de vérité et de réconciliation dans les entreprises et les organisations au Canada. Le panel comprenait :

  • Annie Korver, membre de la Nation métisse et fondatrice de la B Corp Rise Consulting [en Anglais].
  • Karen Restoule, membre de la Première Nation de Dokis et co-fondatrice de l’organisme à but non lucratif BOLD Realities [en Anglais].
  • Jay Wall, directeur créatif principal de la B Corp Briteweb [en Anglais].

Leurs efforts commerciaux et organisationnels s’alignent sur le cadre national de vérité et de réconciliation du gouvernement canadien pour renouveler les relations avec les peuples autochtones. Les efforts de vérité et de réconciliation contribuent également à faire progresser les trois piliers de la théorie du changement du B Lab États-Unis et Canada : justice climatique, équité raciale et économie axée sur les parties prenantes.

Dans le cadre du travail de Rise Consulting avec sa clientèle [en Anglais], Korver a déclaré que le processus de réconciliation commençait par écouter pour comprendre comment le colonialisme — de la doctrine de la découverte à la dépossession des terres en passant par les pensionnats — a eu un impact sur les peuples autochtones qui, avant le contact, vivaient et prospéraient dans leurs communautés. Le processus de réconciliation doit reconnaître l’héritage persistant du colonialisme et établir des relations avec les communautés autochtones en vue de façonner l’avenir, a-t-elle déclaré. 

« Nos aîné.e.s nous enseignent qu’il n’y a pas de réconciliation sans vérité », ajoute Korver. « Et se réconcilier signifie que quelque chose a été cassé — ce n’était pas cassé, mais ça l’est désormais. Et nous avons la capacité et l’influence nécessaires pour contribuer à façonner l’avenir. »

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Korver et Restoule ont discuté de la manière dont des principes tels que la souveraineté tribale, l’autodétermination et l’établissement de relations devraient constituer la base des conversations et des actions de réconciliation. Restoule a également parlé de l’héritage du colonialisme et des politiques gouvernementales correspondantes qui sont devenues de plus en plus intrusives envers les peuples autochtones. 

« Nous parlons de cette longue histoire d’oppression coloniale et d’assimilation à travers un cadre politique assez solide, tant au Canada qu’aux États-Unis », a déclaré Restoule. « Là où nous avons vraiment vu des colons européens, des explorateurs qui sont venus chercher à s’établir ici en Amérique du Nord et qui ont adopté une série de politiques qui ont poussé les peuples autochtones à l’écart afin de céder la place à l’expansion vers l’ouest. »

Ces politiques comprenaient la création de pensionnats, qui hébergeaient des milliers d’enfants autochtones retirés de force à leurs familles dans le but de rompre les liens familiaux et culturels.

Ancrer la réconciliation dans les relations avec les peuples autochtones

Korver a déclaré que les entreprises et les organisations peuvent s’appuyer sur le travail de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. La commission a été créée à la suite d’un règlement juridique entre les survivant.e.s des pensionnats, l’Assemblée des Premières Nations, les représentant.e.s inuit.e.s et le gouvernement fédéral ainsi que les organismes religieux qui ont créé les écoles et les géraient. La commission a créé 94 appels à l’action [en Anglais] pour réparer l’héritage des pensionnats et faire avancer le processus de réconciliation canadienne.

Korver a déclaré que les appels à l’action étaient guidés par un cadre de 10 principes. Il s’agit notamment de fonder la réconciliation sur l’établissement de relations et d’inclure les communautés autochtones dans des actions de vérité et de réconciliation — ou, comme le disent les peuples autochtones, « rien sur nous sans nous ». Pour les entreprises et autres organisations, cela peut inclure un plan d’action de réconciliation.

« L’intention du Plan d’action pour la réconciliation est de centrer les voix des peuples autochtones et de réfléchir à la manière dont vous pouvez entretenir une relation », a déclaré Korver. « Comment aller de l’avant et participer activement, de manière proactive et responsable, en ce qui concerne la réconciliation. » 

Elle a déclaré que Rise fonde la vision d’un plan d’action de réconciliation sur l’identité et les valeurs d’une organisation, en déterminant comment elles recoupent la réconciliation et à quoi ressemblent les engagements au niveau personnel et organisationnel. Le plan d’action de réconciliation comprend en fin de compte des objectifs et des buts spécifiques et mesurables que l’organisation cherche à atteindre sur un laps de temps déterminé. Les dirigeant.e.s sont alors tenu.e.s responsables de ces objectifs. 

Korver a également déclaré que la réconciliation était « un sport d’équipe » et que les efforts devaient être partagés entre tou.te.s les membres d’une organisation. Il est important que chaque personne sache qu’elle a un rôle à jouer et qu’aucune action n’est trop insignifiante. 

« Ce n’est pas censé être sur le bureau d’une seule personne », a déclaré Korver. « La réconciliation doit être dans le cœur de chacun.e d’entre nous. »

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De petites étapes pour faire bouger les choses lors de la réconciliation

Restoule, qui a cofondé BOLD Realities pour faire progresser la relation industrie-autochtones, a encouragé les personnes et les entreprises à faire avancer la réconciliation dans leur « portée d’étreinte ». Cela signifie examiner les domaines de responsabilité personnels et professionnels afin d’identifier des impacts potentiels. 

« Il s’agit de faire ce que l’on peut dans son propre espace individuel, ce sentiment de responsabilité personnelle et cet engagement à faire avancer les choses, à les améliorer, dans ce que l’on fait au niveau organisationnel », a déclaré Restoule. « Examinez votre mandat et voyez ce que vous pouvez faire. » 

Restoule a donné l’exemple de la chaîne de restaurants Tim Hortons qui a créé un beignet saupoudré d’orange pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, également connue sous le nom de Journée du chandail orange. Tous les profits de la vente de beignets sont reversés à des œuvres caritatives autochtones. Restoule a déclaré que même si certaines personnes avaient critiqué la campagne, elle soulignait que même un petit acte, comme acheter un beignet, pouvait être une première étape. 

« C’est votre petite part, et peut-être la première étape d’un engagement à long terme, tout au long de votre vie, visant à découvrir ce qui s’est passé, mais plus important encore, à déterminer en vous-même comment vous pouvez contribuer à faire avancer la réconciliation », a expliqué Restoule. 

Ressources et cadres pour les plans d’action de réconciliation

Wall a déclaré que même si 94 appels à l’action pouvaient sembler écrasants, il ne faut qu’environ une heure pour parcourir le document, avoir une idée des actions et voir celles qui se démarquent comme des possibilités pour une entreprise ou une organisation. 

Il a souligné que le numéro 92 était un bon point de départ pour les entreprises. Cette action appelle les entreprises à adopter l’la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones [en Anglais] comme cadre de réconciliation et d’appliquer ses principes, normes et standards aux politiques et pratiques d’entreprise impliquant les peuples autochtones ainsi que leurs terres et ressources. Ces principes comprennent la consultation et l’obtention du consentement des peuples autochtones avant de procéder à des projets de développement économique; garantir aux peuples autochtones un accès équitable aux opportunités d’emploi, de formation et d’éducation; et offrir une formation à la direction et au personnel sur l’histoire des peuples autochtones.

Wall a déclaré que Briteweb, une agence de création dédiée au changement social, a collaboré avec des créateurs et créatrices autochtones pour rédiger un projet de Plan d’action pour la reconciliation pour 2022 et 2023 [en Anglais]. Le plan comprend trois principes de réconciliation : offrir une formation de sensibilisation culturelle au personnel et aux entrepreneur.e.s, soutenir le développement des communautés autochtones et créer des opportunités d’emploi et d’éducation pour les autochtones. Il a déclaré que le plan serait évalué et mis à jour à la fin de cette année. 

« Dans le cadre de notre plan, nous disposons de moyens de mesurer les progrès et de vérifier régulièrement ces progrès », a ajouté Wall. « Et, vers la fin de l’année 2023, nous nous demanderons : “Eh bien, quelle est la prochaine étape de notre cycle? Qu’avons-nous appris? Où avons-nous trébuché? Où trouvons-nous de l’inspiration et quelles sont les prochaines opportunités?” » 

Wall a déclaré que le plan est devenu central pour l’équipe Briteweb, et il pense que cela est dû en partie à la communication régulière avec les membres des communautés autochtones. Selon lui, qu’il s’agisse de partager leurs parcours personnels, de parler de ce à quoi ressemblaient leurs communautés avant les impacts de la colonisation ou de discuter des travaux visant à faire revivre les langues et la culture autochtones, entendre ces histoires parallèlement aux mesures prises dans le cadre du plan a été puissant. 

« C’est devenu encore plus important pour l’équipe que nous ne l’avions imaginé ou espéré », a déclaré Wall. « Et je pense qu’une partie de la force de cela réside dans les appels réguliers au cours desquels nous invitons les gardien.ne.s du savoir autochtone à partager avec nous leurs points de vue. » 

Regardez l’intégralité de la conversation : Intégrer la vérité et la réconciliation avec les communautés autochtones dans le travail (en anglais)

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